Une chambre d'hôpital. Deux jeunes jouent à la console pendant qu'un vieil homme est sur son lit, mourant. Il essaye de faire passer un message aux jeunes, un truc du genre de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités, mais ils n'en ont rien à faire. Ils préfèrent trucider leurs monstres dans leur jeu de combat. Ils se permettent même de se moquer. Parce que l'homme est le dernier de la première génération des post-humains, ces humains qui ont vu se développer de drôles de pouvoirs et qui les ont mis au service des autres. Et ils portaient des costumes qui font rire les deux jeunes gens. Quand le vieil homme meurt, serrant dans ses mains le masque qu'il portait autrefois, ils n'ont même pas la décence de faire semblant d'être tristes.
À l'enterrement, seule Tamara semble affectée. Kevin, un des jeunes, s'ennuie ferme et fait même des blagues douteuses. Tamara ne peut rien dire ; elle ne fait pas vraiment partie du même monde que les autres de son âge. Elle est bien la petite-fille d'un post-humain mais elle n'a pas hérité de pouvoirs, contrairement à Kevin. Tous les parents des jeunes post-humains ont disparu en sauvant la Terre d'une menace intergalactique. Et la troisième génération, livrée à elle-même, n'a pas les mêmes valeurs morales que leurs prédécesseurs. C'est pour cela qu'ils ont des bracelets, pour les suivre, mais aussi pour les empêcher de commettre l'irréparable vis-à-vis des humains. Ils vivent d'ailleurs tous, aux frais du contribuable, dans une sorte de ghetto chic au pied de la tour Eiffel.
Mais alors qu'une fête va avoir lieu, où de nombreuses sommités du monde seront réunies, voilà qu'une attaque visant les post-humains va déclencher des évènements en chaine qui risquent d'avoir de graves conséquences. Pour les post-humains, mais pas seulement.
Sous une allure de bande dessinée de super-héros, Superworld essaye de nous faire réfléchir sur ce qu'il advient quand on a des pouvoirs mais qu'on rejette les responsabilités qui vont avec ou quand personne n'est là pour nous guider. Le ton est plutôt léger, surtout quand des personnages comme Kevin sont présents. Mais le propos sous-jacent peut se voir comme quelque chose de beaucoup plus sérieux. Il y a une sorte de tristesse aussi tout au long des pages, notamment au travers de Tamara qui semble être la seule à avoir compris le legs de ses ancêtres, peut-être parce qu'elle est la seule à ne pas avoir de pouvoirs.
Ce premier tome est clairement une introduction au monde de Superworld. On définit les puissances en place, les personnages, mais l'histoire commencera réellement dans le prochain tome, comme le laisse suggérer la dernière page. Il y a une énigme qui court pendant la lecture et à laquelle nous n'avons pas encore de réponse. Mais cela va venir ! Un peu de patience. En tout cas, Superworld, tout comme Bad Ass ou encore Le cercle, nous prouve que nous sommes capables en France de produire des comics de bonne qualité. Nous avons une culture bande dessinée bien présente qui nous aide dans ce sens, c'est une réalité. Mais le comics a quand même une narration qui lui est propre et que les auteurs ont bien su s'approprier.
Il ne nous reste plus qu'à attendre la suite avec envie.