Les Chroniques de l'Imaginaire

Flashback - Simmons, Dan

Nous sommes en 2035 et les Etats-Unis tels que nous les connaissons n'existent plus. La grande puissance américaine n'est plus que l'ombre d'elle-même, ruinée par une politique sociale désastreuse. La criminalité est en hausse, les attaques terroristes le lot quotidien et ses habitants se réfugient petit à petit dans le passé grâce à cette nouvelle drogue qui fait des ravages : le flashback qui permet de revivre ses souvenirs comme si on y était.

Nick Bottom est un accro au flashback. Cet ancien inspecteur de la police de Denver a tout perdu suite au décès de sa femme Dara dans un tragique accident de voiture : son boulot, son fils et sa vie. Seuls comptent ses doses de drogue. Et voilà qu'on lui propose une somme d'argent parfaitement indécente pour reprendre une affaire vieille de six ans. Nick y voit de suite l'occasion de rester des mois et des mois dans le passé, en compagnie de son amour disparu.
Il s'agit du meurtre d'un jeune japonais, fils d'un milliardaire, sur lequel Nick avait enquêté à l'époque. L'affaire n'a jamais été résolue et voici que le père souhaite que Nick la reprenne et démasque le coupable. Pour le junkie, l'aubaine est trop belle mais il ne se doute pas que les choses ne vont pas se dérouler comme il l'imagine.

Bienvenue dans une Amérique en pleine débâcle. Il est difficile de proposer une vision plus noire de ce que pourrait être l'avenir de ce pays.
Le récit s'axe autour de deux histoires : l'enquête de Nick Bottom d'une part et la fuite de son fils Val d’autre part. Les deux nous permettent de découvrir un pays détruit, au bord de la disparition, assailli par les nouvelles grandes puissances étrangères, miné par le terrorisme et la drogue. Nick est l'archétype du héros détruit qui réussira néanmoins à retrouver sa rage d'antan quand cela s'avérera nécessaire.

Thriller ou pamphlet politique, il est très difficile de faire le tri. Les propos de ce roman sont clairement une dénonciation d'une politique sociale qui ne peut que conduire le pays à la ruine. Et également fortement xénophobe : les islamiques sont présentés comme des envahisseurs qui imposent leurs lois partout, les russes sont tous des mafieux etc. L'auteur règle-t-il ses comptes avec une vision politique qu'il désapprouve ou cherche-t-il juste à poser un décor ? Vu l'extrémisme de certains propos, il est assez délicat de croire qu'il ne partage pas un peu ces idées.

Après, si on laisse ce discours de côté (même si c'est peu aisé), il reste un thriller qui aurait pu être passionnant si l'auteur ne s'était pas laissé emporter dans des descriptions de points de détails qui noient l'intrigue et la délayent au point de perdre l'intérêt du lecteur. L'idée de cette drogue qui permet de revivre son passé était géniale à mes yeux mais finalement elle est très peu exploitée. On découvre une enquête bien mince qui n'en est pas vraiment une. Trop souvent, on a le sentiment qu'il fallait absolument livrer une œuvre gigantesque, quitte à la remplir d'inutile.

Une bonne idée de départ mais un roman lourd et indigeste au final, sans compter une vision du monde assez nauséabonde. Je n'ai clairement pas accroché.