Les Chroniques de l'Imaginaire

W.T.C. / Acte 2 (9/11 - 6) - Bartoll, Jean-Claude & Corbeyran, Éric & Jef

Nous sommes à Boston, le 11 Septembre 2001, à un peu plus de minuit. Un homme, nerveux, remet à une personne trois clés USB, qui sont censées prendre le contrôle de trois avions, dans les heures qui viennent. Le receveur des clés abat froidement son commanditaire, avant de se rendre à New-York, chez une fille qu'il connaît bien. Ainsi, Cindy Mayer ouvre à Saïd-François, et les deux jeunes gens font l'amour. Cindy ne se doute alors pas encore de ce qui se trame.

Justement, la jeune femme a un rendez-vous ce matin avec John O'Neil, son ancien patron à la CIA, et actuellement le nouveau responsable de la sécurité des tours du World Trade Center. La jeune femme est étonnée devant l'insistance de Saïd-François pour qu'elle ne se rende pas à ce rendez-vous, qui doit justement avoir lieu dans une des deux tours.

Grand bien lui en prend, on le sait tous maintenant. Cindy a juste le temps d'avoir une petite discussion avec O'Neil avant que la première tour ne s'effondre. O'Neil affirme ainsi que toute la structure des bâtiments renferme de l'oxyde de fer, un composant qui est utilisé dans les entreprises de démolition, pour sa tendance à monter très fort en température, détruisant ainsi jusqu'aux structures métalliques...

A présent, tout tourne autour de l'interrogatoire de Saïd-François, ainsi que sur celui de cet employé qui a installé l'oxyde de fer, à la demande de sa hiérarchie, et ce durant quatre semaines. Une commande folle, qui remonte jusqu'à de riches industriels texans.

La série d'Eric Corbeyran aux éditions 12bis en est ici à son sixième et dernier tome. Les différents lieux et les différents timings sont légion dans ce sixième tome, avec des événements qui n'ont pas lieu que le 11 Septembre 2001, mais également quelques jours avant et quelques mois après. Pas de souci de lisibilité en tout cas malgré ces voyages chronologiques nécessaires dans le récit : Eric Corbeyran n'en est pas à sa première bande dessinée, et cela se ressent !

Le livre ne se contente pas de nous montrer les images qu'on a déjà vues partout, mais il s'intéresse à bien des éléments annexes, qui surfent sur la fameuse thèse du complot, qui est encore bien vive, y compris dans le pays de l'oncle Sam. Nous sommes en plein délire scénaristique, bien entendu, même si le récit s'appuie sur des faits réels pour la plupart. Pour autant, nous ne sommes pas là pour démêler le vrai du faux, mais bien pour apprécier une série intelligente, et ma foi rondement menée. C'est le personnage de Saïd-François qui est ici le plus complexe, jouant sur trois tableaux à la fois au nez et à la barbe de la CIA.

Au niveau graphique, c'est encore Jef que l'on retrouve dans ce second cycle. Les décors, les avions, les éléments d'architecture, sont vraiment réalistes et réussis, et parfaitement mis en valeurs avec certaines couleurs, notamment avec ce crash en pleine page rouge et noire. Il en va malheureusement différemment pour les personnages, parfois inégaux, notamment sur les gros plans. Les expressions ne sont pas toujours réussies, même si cela ne gêne en rien la lecture de ce tome.

Un tome plutôt réussi au final, même si on attendait mieux, notamment au niveau de la justesse des traits sur les personnages. Un point de vue intéressant sur une des catastrophes majeures de ce siècle.