Alvar est de nouveau le roi. Quelques années ont passé, et quelques kilos sont apparus sur son ventre, mais Alvar est toujours aussi téméraire. Encore une fois, il se prépare à livrer bataille contre le roi Honim, un rival qui lui dispute un rocher sacré depuis des années. C'est encore Alvar qui part au combat, contre l'avis de ses conseillers. Il ne peut y emmener son fils, qui a des tares physiques importantes, notamment parce qu'il est le fruit de la liaison d'Alvar avec sa propre fille, qu'il a tuée.
Sur le champ de bataille, Alvar et Honim se mettent d'accord pour un duel entre rois. Les deux souverains sont aujourd'hui trop gras, et aucun des deux ne peut emporter la victoire. Alors, il est décidé que les deux clans vont se réunir, en mariant Vaal, le fils difforme d'Alvar, à Mara, un vrai garçon manqué, fille d'Honim. Il apparaît évident que ces noces n'auront jamais lieu : Vaal est trop laid et déteste Mara, tandis que Mara, qui est une guerrière accomplie, n'acceptera comme époux qu'un homme capable de la battre l'épée à la main.
Alors, Vaal est écarté et confié aux moines, afin d'avoir avec eux une éducation de stratège, et c'est Aram, le second fils d'Alvar, abandonné aux loups et élevé par ces derniers, qui suscite maintenant l'intérêt du roi. Aram est d'une beauté ténébreuse certaine, il est capable d'affronter à main nue les loups les plus féroces, tout simplement en en devenant un lui-même, lorsque la lune l'éclaire. Par ailleurs, Aram est recueilli par un très vieux sage, qui entreprend de faire son éducation. Un beau parti en tout cas, et un challenge de poids face à Mara, maintenant plus forte qu'une dizaine d'hommes réunis.
Glénat sort ainsi le troisième tome de cette saga de Alejandro Jodorowsky, toujours magnifiquement mise en images par Dongzi Liu. C'est une nouvelle fois détaillé, tout en étant plein de mouvements, et les couleurs sont encore une fois superbes : du grand art de ce côté-là en tout cas !
Le récit, lui, est également toujours aussi maîtrisé, avec des situations qui s'enchaînent rapidement, comme c'est une habitude chez Jodorowsky. L'homme n'a pas son pareil pour faire sauter les années rapidement, presque sans que l'on s'en rende compte, et c'est encore une fois un rythme haletant qui est imposé ici. En tant que lecteur, on dévore les pages avec un vif intérêt, en se disant qu'on tient là une excellente série du célèbre scénariste italien.
Rien à jeter donc dans cet excellent troisième tome de Sang royal, toujours aussi violent et intéressant : vivement la suite !