Walter Mitty est un homme ordinaire qui rêve sa vie plus qu'il ne la vit réellement. Chef du département des négatifs du magazine Life, il va devoir partir à l'aventure pour retrouver le fameux négatif n°25 qui servira de couverture au dernier numéro papier de Life.
Il faut reconnaître que l'humour américain a toujours beaucoup de mal à s'exporter, sauf si la comédie en question est très lourde (l'hilarante Mary à tout prix par exemple, avec déjà Ben Stiller). De fait, se rendre au cinéma pour découvrir le nouveau film de Ben Stiller, comique numéro un aux USA, est pour moi un peu compliqué.
En effet, je n'avais pas ri aux éclats devant Zoolander. Quant à Tonnerre sous les tropiques, le film est sympa sans plus. C'est donc plus que sur la réserve que je me suis rendu dans une de mes salles de cinéma préférées. Puis, après m'être confortablement installé, la magie pouvait opérer !
Magie du cinéma car ce film est un bijou de poésie et de finesse. Oui, Ben Stiller peut faire dans la finesse ! L'histoire d'un homme qui décide de vivre enfin ses rêves, pour sauver l'essence même du magazine pour lequel il travaille, ne peut que toucher le spectateur.
Walter Mitty part à la recherche de ce fameux négatif grâce à trois photos qu'il développe : trois photos qui l'emmèneront au Groenland, en Islande (en pleine éruption du fameux volcan Eyjafjallajökull) et sur les sommets de l'Himalaya. Sur son chemin, il gagnera l'amour de sa collègue de travail (pétillante et amusante Kristen Wiig), jouera la carte du tendre avec sa mère (inoubliable Shirley MacLaine) et découvrira à quel point il faut suivre ses rêves, même ceux que l'on ne peut mener parce que l'on vit des drames. La présence de Sean Penn en baroudeur de la photographie permet à Ben Stiller de jouer avec la mythologie de l'acteur : personnage silencieux, bourru, renfermé et totalement isolé du monde qui l'entoure comme il se plait à l'être dans la vie réelle.
Et c'est là le tour de magie du film car en confrontant "vie réelle" et "vie rêvée", plus d'une fois, on se pose la question de savoir si Walter Mitty est bien en train d'accomplir ses actions héroïques ou s'il rêve encore sa vie. Rêve d'accomplissement de belles et grandes actions comme l'aurait aimé son père. Rêve de voyages, de découvrir le monde comme il l'avait promis à son père.
Avec un style apaisé et des moments d'une pure drôlerie, Ben Stiller réalise une fantaisie légère et sucrée. Des trouvailles scénaristiques de folie (le clin dil énormissime à Benjamin Button, les oiseaux dans le ciel ou encore le passage au détecteur de métaux), des seconds rôles savoureux : le karaoké ou encore les marins du bateau.
Ajoutez à cela des paysages magnifiques qui vous donneront envie de découvrir l'Islande, le Groenland et de marcher sur les cimes de l'Himalaya. Enfin, ce film est surtout une déclaration d'amour au magazine papier. Car, plus qu'un voyage initiatique, La vie rêvée de Walter Mitty est avant tout une ode à celles et ceux qui travaillent pour les journaux papier en grande détresse par l'omniprésence du net et la recherche du "tout gratuit".
Un joli film qui ouvre d'une belle façon l'année 2014 au cinéma.