Les Chroniques de l'Imaginaire

La voie humaine (Maori - 1) - Férey, Caryl & Camuncoli, Giuseppe

Jack Kenu est flic. Il vit seul, même si ce n'est pas par choix. De la terrasse de sa maison, il observe parfois le paysage, assis sur son banc, mélancolique, une balle posée près de son flingue. Mais cette fois, la balle atterrit dans l'eau quand le chat qui vient lui rendre visite joue avec. Jack est flic mais ce soir il a rendez-vous avec Mick pour lui réclamer le pognon qu'il lui doit. Il faut bien arrondir ses fins de mois, non ? Sauf que cette fois, ce n'est pas pour lui. Qu'importe ! Il a franchi la ligne une fois de plus et ça pourrait bien être une fois de trop.

Il va être affecté à l'enquête sur le meurtre d'une jeune femme retrouvée sur la plage. On ne sait pas encore qui elle est mais son cadavre n'est pas beau à voir. Puis l'identité tombe et cela va mettre encore plus de bazar dans un contexte politique délicat. La campagne électorale bat son plein et Kirwan, premier ministre du parti conservateur, est opposé à Witkaire, un député maori qui entend changer radicalement le système.

Jack se fout de la politique. Ce qu'il veut c'est Keri. Mais elle ne reviendra pas. Alors, qu'importe la bataille entre deux politiciens ? Sauf qu'il va se retrouver au beau milieu de ce merdier avec un meurtrier à trouver.

La collection Holstile Holster nous fournit généralement du bon polar noir dépaysant. Maori ne déroge pas à la règle avec la première bande dessinée de Caryl Férey, auteur de Zulu, récemment adapté au cinéma par Jérôme Salle et avec Orlando Bloom, rien que ça, dans le rôle principal. Bref, vu ce que j'ai pu entendre sur Zulu j'étais très attiré pour découvrir cette nouvelle BD. Et je n'ai pas été déçu. Le récit utilise énormément la voix off, mais elle n'est pas trop verbeuse et donc ne dérange pas le rythme de lecture. Jack est le genre de personnage paumé qu'on apprécie dans ce genre d'histoire. Un personnage à côté de ses pompes mais qui sait quand il faut les rechausser pour une affaire importante. Nous nageons dans un univers qui mêle culture maorie et occidentale. Une ambiance telle qu'on avait pu la retrouver dans le film L'âme des guerriers, en moins glauque quand même cette fois. Giuseppe Camuncoli illustre cette histoire avec un dessin très encré qui est à la fois moderne mais avec une patte vintage. Loin d'être indigeste, ce mélange donne un trait vrai, direct, percutant. Juste ce qu'il fallait pour mettre en images le personnage de Jack. La combinaison des deux donne une nouvelle série chez Ankama qui vaut largement qu'on s'y arrête. Décidément, cet éditeur n'arrêtera pas de m'étonner avec ses productions intelligentes et bigrement efficaces.