C'est l'effervescence au sein de la Maison Royale de Saint-Louis. Le roi lui-même, Louis XIV, doit bientôt arriver pour assister à un divertissement mis en scène par Madame de Brinon, la supérieure de la maison. Seule Charlotte de Lestrange ne prend pas part à la liesse. Si elle se trouve ici, c'est pour parfaire sa conversion au catholicisme, elle la protestante. Elle peine à accepter la situation, fière de ses racines, et elle ne rêve que de rejoindre son fiancé.
A la fin de la représentation, le roi félicite toutes les jeunes filles, les appelant « les colombes » et se laisse même aller à caresser la joue de Louise de Maisonblanche. Isabeau de Marsanne ne peut s'empêcher d'éprouver une pointe de jalousie : que possède donc Louise de si particulier pour s'attirer les faveurs du roi ? La jeune fille rêve de faire venir sa jeune sur dans la maison et un tel soutien serait bien appréciable. Charlotte, elle, laisse sa curiosité la ronger. Louise cache certainement un secret, mais lequel ? Alors que les critères de sélection pour intégrer l'institution de Madame de Maintenon sont très stricts et demandent notamment une appartenance prouvée à la noblesse, Louise aurait été admise alors qu'elle ne serait qu'une paysanne orpheline ? Qui est-elle donc vraiment ?
Mais voici qu'une grande nouvelle bouleverse la maison. M. Racine, l'historien du roi, a accepté de reprendre la plume pour écrire une pièce à l'attention spéciale des jeunes filles. Toutes rêvent d'y participer, sauf Hortense de Kermenet, modeste et pieuse, qui se verrait bien entrer dans les ordres.
Hortense, Isabeau et Charlotte, trois jeunes filles que tout oppose, à l'exception de leur amitié, nous entraînent dans une aventure au sein de la Maison Royale, cette institution qui accueillait de jeunes filles nobles désargentées pour leur offrir une bonne éducation et un avenir. Les comédiennes de Monsieur Racine est le premier tome d'une longue série consacrée à différentes pensionnaires.
Amitié, mystère, jalousie, romance, tout est réuni dans ce roman. Bien qu'assez stéréotypées, les héroïnes sont suffisamment diverses pour permettre aux lectrices de s'identifier à l'une ou l'autre, malgré les siècles qui les séparent. C'est un récit léger mais bien ancré dans son époque. Sans faire preuve d'une rigueur historique absolue, il présente des faits réels de manière romancée : une jolie façon de se familiariser avec la grande Histoire sans trop de didactisme. Néanmoins, j'aurais apprécié une préface ou postface replaçant les évènements dans leur réalité historique.
Seul petit bémol : la présentation au sein dun « coffret d'écriture » apparaît un peu pompeuse. Ce dernier est en réalité constitué de six petites lettres-enveloppes et autant d'autocollants. Cela ne justifie pas l'appellation coffret à mes yeux ni le surcoût par rapport à l'édition poche seule.
En bref, Les comédiennes de Monsieur Racine est un bon roman daventure historique qui plaira aux jeunes filles dès dix ans. Nul doute que comme moi, elles auront envie de découvrir les autres volumes de la série.
