Alors que le transport à bord duquel voyage la formation de Téméraire en route vers la Chine passe non loin du Japon, il s'échoue de nuit sur un récif. Dans la confusion, la disparition de Laurence passe inaperçue. Après un choc à la tête, il s'échoue sur une côte inconnue, ayant totalement perdu la mémoire des dernières années écoulées. Il est recueilli par un noble Japonais ayant fait vu de secourir les voyageurs dans le besoin. Conscient des risques de commettre des impairs dans ce pays étranger, ne comprenant pas pourquoi il porte un uniforme d'aviateur et une épée chinoise, Laurence est évidemment incapable de donner à ses interrogateurs des réponses satisfaisantes quand ils le prennent pour un espion.
Pendant ce temps, Téméraire, très inquiet, est empêché de le rechercher par une grave indisposition qui lui interdit de voler, après qu'il a eu maille à partir avec un serpent de mer qui prétendait interdire aux dragons étrangers de prendre les arbres dont ils voulaient se servir comme de leviers pour dégager le navire.
Enfin réunis, les deux partenaires arrivent en Chine, où des conflits internes menacent gravement la vie de Laurence, comme d'ailleurs celle du prince héritier, Mianning, dont on a déjà empoisonné le dragon. Or, s'il veut aider son pays qui risque de se retrouver seul si personne n'arrête Napoléon en train d'envahir la Russie, il lui faut absolument obtenir de l'aide - et des dragons, de nombreux dragons - des Chinois.
Cet avant-dernier tome vaut largement la longue attente qui l'a précédé. En effet, on y retrouve tout ce qui faisait l'intérêt des premiers tomes : de l'action et des combats, tant humains que draconniques, et à des échelles variées, qui vont du duel aux grandes batailles des guerres napoléoniennes.
L'amnésie de Laurence, même si on peut trouver la ficelle un peu grosse, est une bonne idée, bien traitée, qui permet de renouveler son lien à Téméraire. C'est aussi très plaisant de retrouver des personnages secondaires attachants qu'on avait, par force, perdus de vue depuis plusieurs tomes, étant donné l'éloignement de Laurence du théâtre européen.
Par ailleurs, la façon dont l'histoire est à la fois respectée et modifiée est vraiment une réussite, par exemple en ce qui concerne l'histoire de Napoléon.
Enfin, il faut souligner la promptitude de la traduction, et saluer le bon travail de l'éditeur français en ce qui concerne cette série, qu'il s'agisse du sérieux du suivi de la publication, ou des illustrations très homogènes de l'excellent Didier Graffet.