Helga n'a que huit ans lorsque son pays, la Tchécoslovaquie, refuse l'ultimatum la sommant d'accepter l'annexion de certains de ses territoires par l'Allemagne d'Hitler. Finalement, le gouvernement devra capituler et bientôt la vie de la fillette sera bouleversée à jamais. Car Helga est juive et on connait tous le sort qui leur fût réservé par le Troisième Reich.
Cet ouvrage, écrit sous la forme d'un journal, est le récit de sept années de la vie d'Helga Weissova, depuis les premiers décrets réduisant les libertés des juifs jusqu'à la libération. Entre temps, elle aura connu la vie dans le ghetto, la déportation et les camps d'extermination. Helga a survécu à l'horreur et nous offre un témoignage émouvant où l'indicible côtoie l'espoir. En plus des mots, la jeune fille livre son ressenti sous forme de dessins qui jalonnent le texte.
J'ai un avis mitigé sur cet ouvrage. Loin de moi l'idée de dénigrer le vécu d'Helga Weissova. Ce fût une période noire dont on ne peut sempêcher de penser aujourd'hui : "mais comment cela a-t-il été possible ?". Le témoignage joue parfaitement son rôle de mémoire. Mais la construction du livre m'a empêché de m'y plonger réellement et d'en ressentir toutes les émotions.
Déjà, il faut savoir que ce n'est pas le texte brut tel qu'il a été écrit à l'époque, mais une sorte de compilation remise en forme par l'auteur elle-même. Au départ, il y avait deux cahiers d'écolier, de nombreuses feuilles volantes et une dactylographie postérieure de l'auteur. Si on y gagne en lisibilité (notamment au niveau chronologique), on y perd certainement en authenticité. J'aurais vraiment aimé voir les écrits bruts.
Mais surtout, on nous renvoie constamment à la fin du livre, dans trois parties bien distinctes : un glossaire de termes allemands non traduits dans le texte, une chronologie et des notes de la traductrice. Pas une page sans avoir besoin de consulter l'une ou lautre, voire les trois, et même parfois plusieurs fois. Ces allers retours incessants m'ont empêché de me plonger dans le récit. Pourquoi ne pas avoir traduit directement les termes allemands ? Quant aux notes visant à expliquer le contexte ou à apporter des compléments d'informations, elles sont finalement peu claires. Par exemple, lors de la fuite face aux libérateurs, une carte aurait été plus parlante.
Par contre, linterview de lauteur apporte un éclairage intéressant sur certains points et surtout sur sa vie après. Quand à ses illustrations, elles sont une fenêtre ouverte sur le passé et riches en émotions.
En bref, un témoignage à lire pour ne pas oublier et se souvenir, mais qui aurait gagné en lisibilité avec une construction plus simple.