Le dernier film d'animation hollywoodien fait un tabac, Momo le mérou enchante les enfants et réchauffe le coeur de leurs parents. L'incroyable engouement autour de cette oeuvre a poussé la communauté internationale à mettre en place l'interdiction de pêcher le mérou à pois rouges, qualifié comme espèce en voie de disparition.
Tout le monde se frotte les mains, le monde du cinéma, les écolos et les nations à travers le monde qui, grâce à cette mesure, ont rendu le sourire à leur peuple. Les seuls qui ne sont pas contents sont les Koudoulandais, habitants d'une petite île perdue dans l'océan dont l'unique moyen de subsistance et de développement économique était, justement, la pêche de ce mérou.
Les riches de ce monde ont envoyé des fonds à cette dictature oubliée pour qu'elle se redéploie autour du tourisme mais les Koudoulandais ne l'entendent pas de cette oreille. A peine le premier hôtel sorti de terre, qu'une bande de pêcheurs recyclés en pirates prend en otage l'épouse d'un promoteur immobilier. Canardo, qui a la garde de son neveu, est envoyé d'urgence au Koudouland par la duchesse...
Ce nouvel album des aventures de l'inspecteur Canardo traite de quelques sujets d'actualité fraîche, la surconsommation, la corruption, le néocolonialisme, les buzz médiatiques et leurs stars sans mérite, la manipulation de masse et la piraterie. Cela fait beaucoup pour une bande dessinée de quarante-huit pages seulement et comme Sokal (Hugo, le fils de Benoît Sokal) développe ces thèmes dans de grandes et longues tartines qui alourdissent les cases et gênent la lecture, cela devient vite imbuvable malgré l'humour présent.
Les textes sont beaucoup trop longs, il s'agit d'un album de Canardo, que diable, pas d'un essai sur les méfaits de la mondialisation écrit par un hippie ! L'histoire est pénible et sans originalité. J'ai dû faire un effort pour arriver au bout et il n'y a pas que moi, Canardo donne, également, l'air de s'ennuyer du début à la fin de cet album. En effet, les auteurs ont refilé sa place de personnage principal à la duchesse et l'ont accablé d'un neveu particulièrement agaçant.
En outre, le rythme et l'ambiance répondent absents, ils ont été remplacés par des poissons moches et d'interminables dialogues.
Enfin, rien à dire de spécial du côté du dessin, il est tout à fait correct. Par contre, les couleurs laissent parfois à désirer, soit trop criardes, soit dignes des Simpson, en particulier, les cases avec les touristes japonais.
En conclusion, Le vieux canard et la mer est une déception. Je lui suggère d'y rester, de prendre quelques vacances et de nous revenir en forme.