Les Chroniques de l'Imaginaire

Seuls les morts ne rêvent pas (La trilogie du Minnesota - 2) - Sundstol, Vidar

C’est avec un plaisir immense que j’ai retrouvé La trilogie du Minnesota pour son deuxième opus. Toutefois, cette merveille est un défi à chroniquer car c’est un livre court et il est difficile de ne pas en dire trop pour ne pas priver ses futurs lecteurs du plaisir de découvrir la suite de l’histoire.

Le roman se passe durant un week-end de mi-novembre, quatre mois après que Lance Hansen, garde-forestier passionné d’histoire locale, ait découvert un touriste norvégien assassiné au bord du lac Supérieur. Il a aussi découvert que son frère est impliqué dans ce crime, mais n’a rien dit aux policiers chargés de l’affaire. Un Indien innocent mais ivrogne est en détention préventive pour ce meurtre qu’il n’a pas commis et la culpabilité ronge Lance. De plus il a découvert qu’un de ses ancêtres a commis le premier meurtre de la région sur la personne de Swamper Caribou, un chamane indien, par une nuit de pleine lune de mars 1892, ce qui ne lui remonte vraiment pas le moral.

Lance n’a plus grand chose en commun avec son frère Andy, et cela bien avant le meurtre de l’été. Ils n’ont rien à se dire. Toutefois chaque année à la mi-novembre, ils partent tous les deux ensemble chasser le cerf, sans doute pour se rappeler des souvenirs et maintenir un lien entre eux.

Le livre relate cette partie de chasse, infructueuse le premier jour, mais banale. Le lendemain, l’ambiance entre les deux frères se détériore peu à peu et d’une chasse au cerf, on passe à une chasse à l’homme. Durant tout le roman, nous sommes dans la tête de Lance, nous partageons ses doutes, ses espoirs et son angoisse.

Le paysage est superbement décrit, avec une très grande poésie, la forêt, le lac et la nature sont des personnages à part entière du roman. La forêt prend ici une dimension presque mythique. Il y a aussi l’ancêtre meurtrier qui raconte son histoire et sa victime qui hante Lance en lui apparaissant à de nombreuses reprises.

L’histoire est assez simple, mais l’ambiance est totalement envoutante, magique et fantastique. On ne peut qu’être touché par le personnage de Lance, pris dans ses angoisses et sa culpabilité. Il est obsédé par un rêve. il a du sang indien par son arrière-grand-mère et je ne serais pas étonnée d’apprendre dans le dernier volume qu’il est aussi chamane et descendant de Swamper.

Je suis restée sous le charme de cette écriture poétique et épique, à des années-lumière des polars que je lis habituellement. C’est un de ces livres qui marquent leur lecteur pour longtemps.

Il est toutefois indispensable de lire en premier Terre des rêves, le premier tome de la trilogie, on ne peut vraiment pas les lire de façon indépendante. Comme il s’agit de romans courts, je me demande pourquoi il a été publié en trois volumes. il ne me reste plus qu’à attendre la suite et la fin de ce très beau et sombre roman qui nous fait réfléchir entre autre aux difficultés de communication, car le premier meurtre a eu lieu sur un malentendu et une mauvaise interprétation des actions de la victime.

C’est un des plus beaux livres que j’aie jamais lu et je ne peux que le recommander très chaleureusement. Un pur bonheur de lecture.