Nous sommes dans les Alpes, par beau temps. Pierre Boniface, un adjudant chef, se réjouit de cette belle journée de repos, où il pourra penser un peu à autre chose qu'à son travail. Mais ça, c'est avant qu'on l'appelle en urgence pour se rendre sur une scène de crime particulièrement sordide. Il y a quelques minutes, un guide de montagne est entré dans un refuge, et y a trouvé huit cadavres. Tous tués dans leur sommeil, avec un tournevis. Boniface se rend sur les lieux, méfiant : il n'y a aucune trace de pas dans la neige...
Complètement ailleurs, Ilan, un garçon sans histoire ayant perdu ses parents dernièrement, est surpris de revoir débouler dans sa vie Chloé, son ex, qu'il n'a pas vue depuis une bonne année. Chloé est surexcitée : elle a découvert une porte d'entrée pour le jeu Paranoïa, à travers le site web du zoo d'Anvers. Paranoïa est un jeu secret, culte pour les accros au web et aux énigmes de toutes sortes. Maintenant, la suite dépend d'une visite sur une péniche au bord de la Seine, où une collection de timbres est présentée.
Ilan finit par accepter de suivre Chloé, entre deux postes à son travail, qui consiste à garder la caisse à une sortie d'autoroute. Le besoin de frisson se fait sentir, et Chloé, qui a sacrément changé physiquement en un an, est toujours diablement attirante... Alors, après d'autres énigmes, les deux jeunes gens se retrouvent réellement sélectionnés pour participer à ce jeu, où il y a tout de même une somme de trois cent mille euros à remporter.
C'est Hadès, un des organisateurs, qui leur explique le déroulement de ce jeu, qui aura lieu en huis clos, avec six autres participants. Le lieu choisi pour les débats n'est autre que Swanessong, un immense centre qui accueillait encore récemment les patients les plus dérangés. Les règles sont données, et ne manquent pas d'interloquer les différents participants. Chacun des acteurs a un but précis, qui lui est propre, et qui va lui permettre de se rapprocher de la cagnotte, au fur et à mesure, alors qu'ils sont filmés par des dizaines de caméras. Un jeu pour le moins dangereux, surtout lorsque Lucas Chardon, un vrai psychopathe, arrive bientôt dans la partie...
Après La forêt des ombres, et le plus récent Vertige, c'est à nouveau dans un huis-clos que nous convie Franck Thilliez. Nous ne verrons pas du tout ici Lucie Hennebelle ou Franck Sharko, les personnages policiers fétiches de l'auteur. Ici, on a un contexte, une histoire qui se met doucement (mais diablement efficacement !) en place, avant de tomber dans le huis-clos, à la différence de Vertige qui le démarrait dès les premières lignes.
Ainsi, la toile se tisse, et des indices sont disséminés, très parcimonieusement, par l'auteur, pour nous donner les clés, mais sans en donner trop non plus. Histoire de ne pas voir venir la chute... Et puis, le huis-clos démarre, terrible, avec un suspense haletant. L'horreur n'est d'ailleurs jamais bien loin dans cette partie, où on voit des gens disparaître les uns après les autres, un peu à la manière d'un film comme Saw par exemple.
Le rythme imposé par l'auteur est parfaitement haletant, comme dans nombre de ses romans, avec encore une fois des chapitres courts mais intenses, des questions posées à la suite les unes des autres qui nous assaillent comme autant de lames perfides. L'auteur sait y faire maintenant, et ce roman se révèle du coup d'une efficacité terrible : c'est étonnant de justesse, cela ne tombe jamais dans la facilité ou la mièvrerie. On tient là un très bon thriller, violent, qui flirte avec une horreur crue et réaliste à la fois.
Il est impensable de passer à côté de ce nouveau Thilliez : vivement le prochain huis-clos !
