Les Chroniques de l'Imaginaire

Fanny (Golden Dogs - 1) - Desberg, Stephen & Griffo

Nous sommes à Londres, en 1820. Il ne fait pas bon être pauvre dans la capitale anglaise en ces temps là, puisque la moindre rapine vous envoie directement dans les geôles crasseuses. Les juges ne sont pas tendres avec la population, et les pendaisons pour des larcins sans importance sont monnaie courante. C'est dans ce contexte qu'on retrouve Fanny, une jeune femme prostituée aujourd'hui, ayant fui ses parents après avoir vu son père assassiner sa mère...

Fanny est superbe, et son tarif s'en ressent, bien sûr, même si elle travaille dans un bordel sordide destiné aux basses couches de la population. C'est pourquoi elle écoute avec attention ce qu'Orwood, un étrange et séduisant visiteur, a à lui proposer. Orwood veut monter une bande de quatre voleurs, histoire de faire un peu d'ombre aux Black Birds, une bande de brutes violentes, qui ne font pas vraiment dans la dentelle...

Orwood, lui, souhaite faire un peu plus dans la finesse, en faisant appel aux services de Fanny, mais également de Lario, un castrat, et de Lucrèce, une jeune femme qui a récemment été condamnée à l'exil, qui en a été libérée in extremis par Orwood...
Les présentations sont faites, et Orwood parvient vite à faire travailler Fanny dans un bordel pour notables londoniens. Des choses bien plus intéressantes peuvent y être apprises, sur des couches bien plus aisées de la population. Et il se trouve qu'un paquet de fric est à voler eu nez et à la barbe des Black Birds, dans un endroit sordide où on parie sur des combats de chiens enragés...

Fanny est le premier tome de Golden Dogs, une série qui en comportera quatre, qui sortiront tous en un an, et qui seront tous consacrés à chacun des quatre personnages présentés ici. Un pari que souhaite donc maintenant relever les éditions du Lombard, en faisant ici appel à deux auteurs de renom, Griffo et Stephen Desberg, qui ont déjà travaillé ensemble sur la série Sherman. Graphiquement, on retrouve bien les traits de Griffo, qui arrivent à retranscrire plus ou moins bien les expressions de ses personnages, et d'approximatifs paysages londoniens.

Il est ainsi surprenant de voir ces planches de la part du dessinateur de La pension du Docteur Eon, S.O.S. Bonheur, Petit Miracle ou encore d'un récent tome très réussi de Abymes, dans la collection Aire Libre de Dupuis. Ici, on a l'impression que l'auteur a manqué de temps : ce n'est pas aussi détaillé qu'à l'habitude, et malheureusement beaucoup trop grossier par moment. Le lecteur aura ainsi bien du mal à s'attacher à des personnages sans grande personnalité, et surtout sans aucune originalité...

Et c'est là où le bât blesse vraiment : le récit est bien trop rapide, les dialogues manquent cruellement là encore d'originalité, et surtout d'intérêt... Espérons que Desberg parvienne à relever le niveau dès le prochain tome, car celui-ci sent vraiment les rouages déjà vus des dizaines de fois, et on n'en retient finalement pas grand chose, même après plusieurs lectures.

Espérons que ce premier tome seul soit un faux pas, et pas la série complète... Peut-être vaut-il mieux privilégier la qualité aux délais ?