Sous l'impulsion de sa mère, professeur de littérature à la faculté, Simon, douze ans, prend la plume chaque jour pour raconter son quotidien. Un quotidien à la fois très ordinaire et peu banal : comme tous les garçons de son âge, Simon sèche les cours, ne comprend pas grand chose aux crises d'autorité de ses parents... Mais sa maturité exceptionnelle et la culture littéraire que lui a inculquée sa mère font de lui un adolescent à part qui se targue de vivre et de penser comme un grand. Ses amis, d'ailleurs, sont presque tous des adultes.
Le roman commence en même temps que l'été et Simon rencontre, dès le second chapitre, un personnage qui va devenir central dans sa vie : le Centaure. Ce métis peu bavard mais au charme magnétique va vite devenir sa nounou improvisée et, avec douceur et discrétion, transformer la vie de notre personnage principal.
Ce roman, publié aux États-Unis en 1983, ne vaut pas tant pour son intrigue que pour la manière dont il est raconté. Écrit à la première personne du singulier, il nous plonge dans les pensées et les réflexions d'un jeune narrateur qui ne manque pas de verve. Il pose sur le monde un regard curieux, plein de drôlerie et de finesse, à la fois insolent et empreint de droiture morale. Son observation du monde des adultes, et particulièrement du mode de fonctionnement de ses parents, tombe toujours juste. Malgré son environnement familial peu sécurisant, Simon porte sur la vie un regard critique certes, mais aussi bienveillant et optimiste, pas désabusé le moins du monde. Le style qu'il emploie n'est pas sans rappeler celui du héros de L'attrape-curs de Salinger. Les phrases coulent de source, le langage est spontané, à tel point qu'on oublie l'auteur qui se cache derrière le personnage pour ne plus écouter que Simon, ce narrateur plein de jugeote et très attachant.
La collection [Vintage] des éditions Belfond est décidément une très bonne initiative, et j'espère par ce biais découvrir encore de nombreux livres de la qualité littéraire de celui-là.
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