Au début des années trente, le FBI annonce à la police berlinoise la venue d'un homme suspecté d'oeuvrer comme tueur à gages pour la pègre new-yorkaise : Abraham Goldstein, juif de surcroît. Peu ravis de recevoir un pareil touriste, les pontes de la police prussienne charge Gereon Rath de surveiller cet invité non désiré.
Cette tâche, le commissaire Rath la voit comme une punition tandis que Goldstein verra cette attention comme un jeu et prendra son mal en patience. Rath, occupé par d'autres affaires moins officielles, n'est pas un surveillant efficace.
Les morts d'un SA, d'un policier et la disparition de cadres de gangs berlinois inquiètent, d'autant que le signalement de Goldstein, tueur à gages juif est arrivé dans les rédactions des journaux antisémites.
On retrouve avec plaisir le commissaire Rath et ses proches pour un nouveau récit policier se déroulant à une époque difficile de l'histoire allemande, le début des années trente, avec la suite de la crise économique de 1929 et la montée des extrêmes, nazis et communistes. Une époque que Kutscher connaît et évoque brillamment dans ses romans. Son univers est bien documenté et l'auteur rend ce Berlin d'avant-guerre vivant et expressif, bien plus que dans le tome précédent.
Je pense que ce troisième épisode des Enquêtes berlinoises est plus rapide dans son écriture. Il est davantage emballant et moins lourd à suivre. Le lecteur est plongé immédiatement dans l'histoire, l'atmosphère berlinoise est agréable et il y a peu de temps morts. Généralement, la lecture de ce livre met de bonne humeur, ce qui mérite d'être souligné.
Néanmoins, la construction compliquée avec de multiples enquêtes sur plusieurs niveaux demande beaucoup d'attention au lecteur, surtout qu'il y a au moins deux personnages principaux, Gereon et Charly, et un grand nombre d'acteurs secondaires importants.
Par ailleurs, la personnalité de Rath et ses manies pourraient ne pas plaire à tout le monde et, pareillement, Charly devient vite agaçante. Si vous les prenez en grippe, la lecture de ce polar risque de devenir un calvaire, je m'étonne moi-même de m'en accommoder si aisément ! Ensuite, j'ai, tout de même, le sentiment que certains passages de la première moitié du roman, qui n'apportent rien au scénario auraient mieux fait de passer à la trappe plutôt que d'allonger ce livre. Enfin, j'ai trouvé le final... facile, je m'attendais à mieux.
En conclusion, Goldstein est un bon roman policier si vous supportez le caractère des ses personnages principaux et cherchez une histoire compliquée se déroulant à une époque inhabituelle.
