Jirô souhaite voler et dessiner de magnifiques avions. Il rêve souvent du fameux concepteur italien davions, Giovanni Caproni. Cependant, sa mauvaise vue lempêche de devenir pilote. Il décide d'entamer de longues études afin de devenir un grand ingénieur en aéronautique. Et dès 1927, son génie et ses créations l'imposent comme un des plus grands génies de son pays.
Voilà, c'est fini ! Avec ce film, Hayao Miyazaki tire sa révérence après cinquante années passées au service de l'animation. Père de Mon voisin Totoro, de Le voyage de Chihiro, de la Princesse Mononoké et de la série animée Sherlock Holmes, voici sa dernière création.
Ce dernier opus est inspiré d'une histoire vraie, celle de l'ingénieur Jirô Horikoshi, qui traversa l'histoire du Japon du séisme de Kanto en 1923 à la crise économique du pays, l'épidémie de tuberculose et l'entrée en guerre du pays contre les USA.
Beaucoup moins accessible pour un très jeune public, contrairement à Ponyo sur la falaise, cette fable réelle reprend les thématiques chères à Miyazaki : l'écologie, le temps qui passe, la volonté de permettre à un pays et à un peuple de s'inscrire dans l'histoire, le rêve, la vie et la mort.
Cette fois-ci, en suivant la pugnacité de l'ingénieur Jirô Horikoshi, on découvre l'histoire du pays durant les années 1920 et 1930 (celles de la Grande dépression), jusqu'alors inconnue en France : les difficultés du Japon face à la crise économique, la volonté de rattraper un retard de développement pour ne pas être la cinquième roue du carrosse. Et tout est limpide : pour s'en sortir, le Japon doit se tourner vers l'armement. Cependant, farouche anti-militaire, Hayao Miyazaki propose ici l'histoire d'un ingénieur visionnaire qui rêve de construire un avion magnifique, un jeune homme qui cherche à mettre ses idées au service de l'aviation mais pour le bien du peuple.
A aucun moment, le réalisateur ne démontre la course à l'armement. Au contraire, lors du passage de la visite des usines allemandes, les ingénieurs qui accueillent nos héros ne sont pas dépeints de la plus belle des façons. Pour lui, la guerre n'est pas la solution à l'évolution aéronautique.
Si le film ne s'adresse pas directement à un jeune public, il ravira les plus grands d'entre nous : l'ingénierie aéronautique n'aura plus aucun secret pour vous. Et surtout, le style Miyazaki est présent avec un pays magnifié mais aussi blessé et meurtri, un réalisateur qui se veut grave pour raconter son pays, et des moments de pure poésie : les rêves de Jirô, la rencontre amoureuse et l'histoire d'amour forcément tragique (Naoko décidera de quitter son centre de cure de la montagne pour soigner sa tuberculose afin d'épauler son mari pour qu'il réussisse le plus beau des projets. Ce projet sera l'avion zéro de Mitsubishi qui fera des ravages durant la Seconde guerre mondiale.)
Un film en forme de révérence qui raconte le Japon, reprend les conceptions pacifistes de Miyazaki et surtout qui clôt de la plus belle des façons l'histoire d'un enchanteur du grand et du petit écran qui laissera dans nos curs Totoro, Chihiro et désormais Jirô. Nous avons grandi avec les héros de Maître Miyao et ils ont vieilli avec nous. Une pure merveille qui vous tirera quelques petites larmes.
Et le titre, inspiré de Paul Valéry, prend désormais tout son sens : "le vent se lève, il faut tenter de vivre"... Vivre avec l'héritage de Miyazaki.