Les Chroniques de l'Imaginaire

Chansons de la Terre mourante (Chansons de la Terre mourante - 2) - Williams, Tad & Lee, Tanith & Shepard, Lucious & Moon, Elizabeth & Volsky, Paula & Hughes, Matthew & Wright, John C. & Gaiman, Neil

Suite de l'hommage rendu à Jack Vance, parti beaucoup trop tôt, et sa Terre Mourante. J'avais une légère appréhension quant à la lecture de ce livre. Ayant plus qu'adoré le premier tome, je me suis dit que la suite devait être à tous les coups la volonté de l'éditeur de surfer sur le succès du premier tome. Eh bien grand mal m'en a pris, car les doutes se sont dissipés en à peine deux pages et encore plus à la fin de la première nouvelle écrite par Tanith Lee, que je ne connaissais pas avant la lecture et qui m'a donné envie de connaître son monde. D'ailleurs, en dehors de Neil Gaiman, dont je suis plus que fan, je ne connais que très très peu d'auteurs de ce recueil. Et tant mieux si la ligne éditoriale était de faire découvrir un bon nombre d'auteurs extrêmement talentueux.

Cette première nouvelle part tambour battant. On y découvre Evillo, petit enfant recueilli par une famille ma foi étrange qui par culture ne veut que le battre et l'enfermer plutôt que l'éduquer. Evillo n'a qu'une envie, celle de partir loin, de voyager et de découvrir des contrées exotiques. Mais attention à ce qu'on veut, on finit parfois par l'obtenir.
Merveilleuse petite nouvelle, je suis sous le charme. L'histoire est très bien rythmée, l'humour noir bien présent.

Puis vient la nouvelle de Paula Volsky. Elle nous parle de Zargh de Curgh, celui qui ne voulait pas être sorcier chez les Curgh. Mais son oncle va se charger de rectifier ses envies de procrastination et faire de lui un vrai sorcier.
Voici une auteure qui vaut plus que tout d'être connue. Elle possède une plume absolument délicieuse ; tout y est purement merveilleux, une perle d'humour. Je ne comprends toujours pas pourquoi elle n'est pas plus traduite que cela. Une prose comme ça, il faut la traduire vite et en masse !

Tad Williams et son Lixal Laqavee. Voici l'homme qui voulait être sorcier sans trop d'efforts. Pourquoi s'embêter à apprendre des sorts alors qu'il suffit pour cela de payer un sorcier afin qu'il enseigne un sort ou deux et l'illusion fera mouche ? Lixal a une vie simple et un argumentaire à toute épreuve, il va se faire piéger par un collègue et sera contraint de partager un bout de temps sa vie avec un déodande.
Cette nouvelle est passionnante du début à la fin. Elle est pleine de surprise et le récit n'est pas aussi prévisible que mon petit résumé le laisse présager.

Lucius Shepard fait réapparaître Cugel l'Astucieux pour nous raconter une histoire de vengeance où le génie de Cugel va devoir se confronter à la rancœur et la colère de Thiago, son cousin.
Une histoire qui va les mener jusqu'à la fin du Soleil, et sur la frontière entre les croyances et les faits. Une nouvelle bien plus profonde et prenante qu'elle en avait l'air mais qui dégage un nombre important d'idées sur notre société et nos croyances.

Je ne vais pas m'étendre plus sur ce recueil. Il reste encore à parler de Gorlion d'Almérie de Matthew Hughes qui nous plonge dans un huis clos très inquiétant où rien n'est conforme à ce qu'il paraît. Ou encore la nouvelle totalement décalée d'Elizabeth Moon, c'est très drôle et souvent bien vu et bien écrit. Et encore John C. Wright et son Guyal le conservateur, probablement la nouvelle la plus lyrique de ce tome deux. On y rencontre démons, magiciens maléfiques et géants côtoyant le ciel, le tout dans un univers extrêmement Vancien qui colle plutôt bien à l'imaginaire de la Terre Mourante.

Enfin, il revient à mon chouchou Neil Gaiman de clôturer ce tome deux, je vais manquer totalement d'objectivité alors je vais vous laisser découvrir cette petite merveille de nouvelle.

Voilà, je m'étais promis de faire une chronique plus courte que pour le tome un, c'est loupé ! Il faut dire aussi que vous ne trouverez pas mieux en matière de fantasy que ce recueil. Je le pense sincèrement. Bref, à avoir lu avant que la Terre ne meurt et surtout pour vous faire découvrir ou redécouvrir Jack Vance. Jack, tu vas nous manquer...