Les Chroniques de l'Imaginaire

La maîtresse de guerre - Katz, Gabriel

Une femme qui aspire à devenir maître d’armes ? Quelle blague ! Pour les rudes habitants du Nord, c’est impensable. Kaelyn y croit pourtant, elle est déterminée. Puisque la mort de son père a empêché celui-ci d’achever sa formation, elle va apprendre sur le terrain, en se joignant à l’armée des Libérateurs qui part lutter contre l’esclavage dans le lointain sultanat d’Azman. Elle va vite ouvrir les yeux sur l’horreur de la guerre, et découvrir que la barbarie n’est pas l’apanage des fameux cannibales contre lesquels elle est venue lutter.

Farouche, indépendante, droite, Kaelyn est une héroïne idéale. Elle a certes des faiblesses, mais le lecteur n’a aucun mal à s’attacher à elle pour la suivre dans les différentes péripéties. A ses côtés, Hadrian est l’archétype du guerrier talentueux et ténébreux. Un bien beau couple, dont le seul défaut est justement d’être trop parfait. D’ailleurs, les personnages secondaires aussi sont assez tranchés, sans trop de subtilité. C’est dommage, car avec des personnages moins lisses et ayant plus de vécu, l’histoire aurait certainement gagné en profondeur et en intérêt.

De plus, je ne suis pas très convaincue que Kaelyn ait vraiment la carrure nécessaire pour devenir maîtresse de guerre. Au début du roman, Hadrian lui explique qu’il ne s’agit pas seulement d’être un maître d’armes, un excellent combattant, mais également un expert en stratégie et tactique qui saura mener son camp à la victoire dans une guerre. Or c’est justement le point faible de Kaelyn, de son propre aveu : elle ne s’intéresse guère à tout cela, se reposant sur Hadrian quand nécessaire.

Heureusement, on oublie vite ces petits bémols grâce au rythme rapide de l’histoire. Combats, trahisons, retournements de situation, sans oublier des temps plus calmes qui laissent place à l’amitié et l’amour, mais aussi des moments de réflexion. C’est l’occasion pour Kaelyn (et le lecteur par la même occasion) de réaliser que les barbares ne sont pas toujours ceux que l’on croit. En effet, on découvre au fil des pages la vie quotidienne et la culture du sultanat d’Azman, qui n’ont rien à envier – bien au contraire – à ceux des envahisseurs venus « Libérer » les esclaves, qui pour leur part se livrent aux pires débordements.

Du dépaysement, de l’aventure, un petit poil de magie, tout y est pour passer un agréable moment en dévorant ce roman.