Une femme qui aspire à devenir maître darmes ? Quelle blague ! Pour les rudes habitants du Nord, cest impensable. Kaelyn y croit pourtant, elle est déterminée. Puisque la mort de son père a empêché celui-ci dachever sa formation, elle va apprendre sur le terrain, en se joignant à larmée des Libérateurs qui part lutter contre lesclavage dans le lointain sultanat dAzman. Elle va vite ouvrir les yeux sur lhorreur de la guerre, et découvrir que la barbarie nest pas lapanage des fameux cannibales contre lesquels elle est venue lutter.
Farouche, indépendante, droite, Kaelyn est une héroïne idéale. Elle a certes des faiblesses, mais le lecteur na aucun mal à sattacher à elle pour la suivre dans les différentes péripéties. A ses côtés, Hadrian est larchétype du guerrier talentueux et ténébreux. Un bien beau couple, dont le seul défaut est justement dêtre trop parfait. Dailleurs, les personnages secondaires aussi sont assez tranchés, sans trop de subtilité. Cest dommage, car avec des personnages moins lisses et ayant plus de vécu, lhistoire aurait certainement gagné en profondeur et en intérêt.
De plus, je ne suis pas très convaincue que Kaelyn ait vraiment la carrure nécessaire pour devenir maîtresse de guerre. Au début du roman, Hadrian lui explique quil ne sagit pas seulement dêtre un maître darmes, un excellent combattant, mais également un expert en stratégie et tactique qui saura mener son camp à la victoire dans une guerre. Or cest justement le point faible de Kaelyn, de son propre aveu : elle ne sintéresse guère à tout cela, se reposant sur Hadrian quand nécessaire.
Heureusement, on oublie vite ces petits bémols grâce au rythme rapide de lhistoire. Combats, trahisons, retournements de situation, sans oublier des temps plus calmes qui laissent place à lamitié et lamour, mais aussi des moments de réflexion. Cest loccasion pour Kaelyn (et le lecteur par la même occasion) de réaliser que les barbares ne sont pas toujours ceux que lon croit. En effet, on découvre au fil des pages la vie quotidienne et la culture du sultanat dAzman, qui nont rien à envier bien au contraire à ceux des envahisseurs venus « Libérer » les esclaves, qui pour leur part se livrent aux pires débordements.
Du dépaysement, de laventure, un petit poil de magie, tout y est pour passer un agréable moment en dévorant ce roman.