L'heure est au découragement dans les rangs des compagnons de Lord Glenarvan. A priori, le Duncan est tombé entre les mains des convicts, et tout espoir de retrouver le Capitaine Grant et son équipage semble bel et bien perdu. A présent, en Australie, les compagnons en sont à chercher un moyen de rentrer en Ecosse. Ce voyage retour semble compromis depuis l'Australie et, pour Paganel, le mieux sera de se rendre vers la Nouvelle-Zélande où les compagnies en route vers l'Europe sont plus nombreuses.
Alors, c'est à bord du Macquarie que Lord Glenarvan prend place avec ses amis. Son capitaine est un homme rustre, le plus souvent aviné, et la tempête qui s'annonce n'est pas de bon augure pour John... Et pour cause ! Le Macquarie finit par s'échouer sur les brisants. Son équipage disparaît lâchement dans le seul canot disponible, et finit par périr dans les flots déchaînés. Lord Glenarvan et ses compagnons parviennent de leur côté à atteindre en quelques heures les côtes de Nouvelle-Zélande, à bord d'un radeau de fortune.
Pour autant, ils sont bien loin d'être saufs : les guerriers Maoris, des indigènes cannibales, sont actuellement en guerre contre la couronne anglaise : il ne fait pas bon venir du Royaume-Uni en ce moment ! Et l'inévitable se produit bientôt : le groupe de compagnons est fait prisonnier par les Maoris, qui voit en eux une monnaie d'échange avec l'ennemi anglais.
Les choses se tendent de plus en plus lorsque des chefs maoris sont fusillés par les anglais. Les prisonniers sont condamnés à mort et seront exécutés le lendemain à l'aube. Evidemment, le désespoir gagne Glenarvan et ses compagnons, qui vont tout de même parvenir à s'échapper, même en étant séparés. La crédulité des indigènes, et des croyances profondes feront le reste pour donner un avantage non négligeable aux compagnons de Lord Glenarvan.
Ce n'est pas sans une certaine émotion que le lecteur refermera ce troisième et dernier tome de cette série Les enfants du Capitaine Grant, reprise par Alexis Nesme dans la collection Ex-Libris. Cette série est d'ailleurs celle que je considère la plus réussie de la collection, tant le récit est maîtrisé et les personnages attachants (notamment ce grand distrait de Paganel).
Par ailleurs, ce troisième tome conserve la grande qualité qui a fait le succès des deux tomes précédents, à savoir une extraordinaire qualité graphique. Encore une fois, c'est absolument admirable dans les détails, les couleurs, les costumes, jusqu'aux tatouages des terribles guerriers maoris. Les décors ne sont pas en reste, avec un effet vieilli volontaire, des cieux et des flots d'un admirable rendu, des forêts luxuriantes au possible, des expressions parfaitement soignées sur les têtes des animaux les plus divers, comme ce qu'on peut trouver dans des séries comme De Cape et de Crocs, Garulfo ou encore Blacksad.
Il n'est pas étonnant qu'autant de temps se passe entre chaque tome, étant donné cette qualité de dessin. Mention spéciale encore une fois sur les phylactères, ainsi que sur le détail de certaines cartes, qui sont une grande réussite là-encore. Rien n'est laissé au hasard d'un point de vue graphique, et le récit, parfaitement maîtrisé, conviendra à un public jeunesse autant qu'à un public adulte.
Un vrai hommage au travail de Jules Verne sur ce roman : un troisième coup de cur, et haut la main.