Il n'y a plus aucun doute, Kentarô en est sûr, son grand-père maternel n'est pas du tout celui qu'on décrivait. En tout cas, il n'était pas le lâche supposé qui faisait planer une honte au-dessus de la tête de la famille. Il n'avait tout simplement pas les mêmes principes que les fanatiques de l'époque de la Seconde Guerre Mondiale. Maintenant qu'il a commencé ses recherches, Kentarô veut aller jusqu'au bout et tout comprendre de son aïeul. Peut-être que son entretien avec monsieur Izaki pourra l'aider ? Ce vieil homme qui se meurt sur son lit d'hôpital a encore des choses à livrer. Et l'histoire qui va être raconté ne plaira peut-être pas. Il n'est pas question de lâcheté dans celle-ci mais d'un manque d'honneur. Parce que Miyabe a, semble-t-il, tiré sur un pilote en parachute après avoir abattu son avion. Or, il est admis qu'une fois l'appareil abattu on laisse le pilote tranquille. Mais Miyabe ne l'entendait pas de cette oreille. Pour lui, il fallait abattre les ennemis pour éviter qu'ils puissent abattre ses compatriotes par la suite. Un raisonnement basique mais qui se tient ; pourquoi donc faire deux poids deux mesures quand il s'agit de pilotes dans les airs alors qu'on ne se poserait pas la question pour des fantassins ? Mais cette approche était loin de plaire à ses supérieurs qui le firent passer une nouvelle fois pour un homme de peu d'honneur.
Nous sommes très loin maintenant de la vision simpliste de Miyabe que l'on pouvait avoir au début de la lecture de la série. On se rend bien compte que les choses ne peuvent pas être tout noir ou tout blanc ; tout est dans les nuances. Ce que nous comprenons à présent, mais que les contemporains de Miyabe n'avaient que rarement compris. Miyabe n'était pas un lâche ni une personne cruelle, il était simplement un soldat qui tuait ses ennemis pour éviter qu'ils ne tuent ses amis et qui avait l'envie de revoir un jour sa famille et donc qui ne prenait pas des risques inconsidérés, quitte à mal se faire voir. Ce personnage décrit dans la série se rapproche certainement d'une réalité des hommes qui font les guerres. Nous sommes rarement en présence des héros que l'on nous montre dans les histoires, qui courent au milieu des balles et qui ne pensent jamais au lendemain et qui, pourtant, ont un grand cur devant leurs ennemis. Cette idéalisation n'existe pas. Et c'est parfaitement retranscrit dans Zéro pour l'éternité. Si on ajoute à cela la culture nippone très à cheval sur certains principes et certaines valeurs, on a le mélange qui fait toute la complexité mais aussi toute la beauté de la série.
Une nouvelle fois c'est une lecture intéressante, intelligente, pleine de vie et de bon sens. Une lecture à avoir.