Les Chroniques de l'Imaginaire

Metropolis (Metropolis - 1) - Lehman, Serge & Caneva, Stéphane (de)

Gabriel Faune est inspecteur au bureau de contrôle de l'Interland et officie à Metropolis. Cette mégapole est la capitale de cette zone commune aux allemands et aux français qui constitue l'Interland. Cela fait maintenant soixante-cinq ans que l'Europe est en paix mais cela n'empêche pas la vie de continuer et les gens de commettre des crimes. Et il y a toujours les nationalistes qui voudraient bien voir cet Interland disparaitre.

Faune est celui qu'on appelle le "citoyen numéro 1" ; il a été adopté par la ville après avoir été abandonné. Cette ville, c'est la sienne. Il la connait par cœur, la ressent. Et il y a des changements qu'il voit alors que personne d'autre ne semble les remarquer ; comme des bâtiments qui changent du jour au lendemain ou bien encore des statues qui sont substituées à d'autres. Et il était présent le jour de l'attentat qui a eu lieu au pied de la Tour de la Réconciliation. Une déflagration terrible et de nombreuses victimes. Pour couronner le tout, il y avait un tireur embusqué qui tirait sur les survivants ! Une véritable boucherie. Mais ce qu'on découvrit sous la Tour était encore plus sordide. Des cadavres mutilés et cachés, comme pour une sorte de rituel ou une affaire malsaine. Faune allait se voir saisit de l'affaire des morts sous la Tour, plus délicate, plus secrète.

Ce premier tome de Metropolis n'est qu'une introduction à l'histoire et à l'univers, mais quelle introduction ! Le tome se dévore et quand on arrive au bout, on n'a pas vu le temps passer et on en redemande. La mise en place est léchée et subtile et le personnage central, Gabriel Faune, est à la fois intrigant et charismatique, à défaut d'être sympathique. En voyant une nouvelle uchronie signée Lehman on pouvait craindre à un ersatz de Masqué (série intéressante au demeurant) mais il n'en est rien ! Les fondamentaux n'ont rien à voir et le style est radicalement différent aussi. J'ai été étonné de ne pas retrouver Metropolis dans la collection Comics Fabrik de l'éditeur parce que le format se situe entre la BD classique et le comic et même la narration se rapproche plus de la bande dessinée américaine que de la bande dessinée franco-belge. Mais peu importe, ce qui compte est ce que cela contient et c'est vraiment du lourd.

Il y a bien entendu ce scénario qui progresse par touches (il m'est régulièrement arrivé de revenir en arrière parce qu'il me semblait qu'un élément nouveau dans le scénario avait déjà été mentionné subtilement auparavant) mais aussi ce dessin qui est à la fois moderne mais avec un côté rétro parfait pour mettre en scène cette Belle Époque qui n'aurait jamais cessé. Mais je comprends tout à fait Stéphane de Caneva quand il remercie Dimitris Martinos pour son travail sur les couleurs, parce que la combinaison des deux donne toute l'ambiance au titre. Les couleurs semblent atténuées, parfois monochromes, mais c'est que la recherche de la subtilité était aussi dans ce domaine. Les couleurs sont bien présentes, nombreuses, mais savent se faire oublier pour servir l'histoire. Bref, un vrai travail d'orfèvre.

Je pensais passer un bon moment de lecture avec ce premier tome de Metropolis mais c'est allé bien au-delà ! C'est un titre génialement pensé qui a une grosse pression sur les épaules maintenant pour que les tomes suivants soient au moins aussi bons.