Les Chroniques de l'Imaginaire

L'assassin malgré lui (W.A.R.P. - 1) - Colfer, Eoin

Depuis le dérapage de Los Angeles, l'agente Chevron Savano se doit de faire profil bas. D'autant qu'à seize ans, elle est la seule rescapée du programme lancé dans les lycées. Et contrairement à ses camarades, elle compte bien le rester, elle, agente du FBI. De fait, elle n'a pas le choix, elle est obligée d'accepter cette mission en planque à Londres. Elle ne sait même pas ce qu'est le W.A.R.P.... jamais entendu parler ! Elle redoute plus que tout de se trouver cantonnée à un rôle de baby-sitter. Et force est de constater que pendant neuf longs mois, ses prévisions les plus alarmistes se sont vérifiées. Jusqu'au jour où l'étrange machine sur laquelle elle veillait a décidé de sortir de son immobilisme, ramenant avec elle deux personnages inattendus : un homme au bras de singe qui semblait mort, et un jeune garçon visiblement effrayé qui semblait, lui, avoir tué son compagnon de voyage.

Quel sujet peut plus facilement faire rêver que le voyage dans le temps ? Si c'est absolument vendeur, c'est également très risqué. H.G. Wells, maître en la matière, a posé les jalons bien haut, et il est toujours très dangereux de se risquer à comparaison. Eoin Colfer a finement joué le jeu. D'une part, la machine, et le mode de voyage à travers le temps n'ont rien de comparable entre les deux auteurs. D'autre part, quelques références à H.G. Wells sont disséminées tout au long de l'ouvrage, un peu comme un clin d’œil au maître. La comparaison n'aura donc pas lieu, et le voyage peut commencer.

Si la situation de départ est franchement incroyable (comment imaginer le FBI recrutant des adolescents, leur fournissant une arme, une plaque et leur administrant des cours de combat ?), l'intrigue est plutôt agréable, et bien pensée. Elle est loin de toujours nous amener là où elle semble aller et il est toujours agréable de se laisser surprendre.

Le rythme est indubitablement présent. Les scènes d'actions ne sont entrecoupées que par les souvenirs de Riley ou de Garrick, qui nous offrent une respiration salutaire. Le récit est fluide et la trame cohérente. On regrettera peut-être quelques "facilités" comme le fait que des agents du FBI partent en mission temporelle sans aucune protection et que tout un groupe soit pris par surprise et battu par un homme du siècle dernier, armé de seuls couteaux, mais cela peut être expliqué par le fait qu'il s'agit d'une publication jeunesse, et d'un roman destiné à de jeunes adolescents.

Les personnages sont complets, sans pour autant être complexes. Ils représentent parfaitement un parti pris sans compromission. Il y a les méchants, et les gentils, et aucun doute n'est permis. J'avoue un petit faible pour le personnage de Riley que je trouve beaucoup plus fin et abouti que les autres.

En somme un premier opus prometteur, qui nous laisse songeurs quand à une probable suite.