Les Chroniques de l'Imaginaire

Per Svenson doit mourir aujourd'hui (Rosko - 1) - Zidrou & Kispredilov, Alexeï

Quelque part dans un futur pas si éloigné, ou dans un monde pas si parallèle que cela... Rosko Timber est un flic qui est sur le point de descendre Per Svenson, l'ennemi public numéro un, une gueule d'ange dans un esprit de serial-killer. Per Svenson a tué quatre-vingt-douze personnes, et vient de terminer par la famille d'Epiphanie Kendricks. Il a été arrêté juste avant de descendre la petite fille désormais orpheline, qui fêtait joyeusement son anniversaire en famille il y a encore quelques minutes.

Mais Rosko n'a pas tué Svenson. Ce dernier a été arrêté et, désormais, attend son sort en prison. Car dans ce futur, le public de la télévision vote sur la façon dont le monstre devra être exécuté, et c'est la douche d'acide qui devance désormais la mort par combustion. Une mise en scène choquante, qui met le doigt sur les dérives de notre propre télé-réalité. Ainsi, la chaîne Pimento TV se frotte les mains en ayant l'exclusivité de la diffusion de l'exécution dans tout le pays.

Mais Pimento TV ne peut pas se contenter de cela. Aussi incroyable que cela puisse paraître, la chaîne organise l'évasion de Svenson, en pensant maîtriser la situation. Une situation qui leur échappe, bien évidemment, laissant de plus en plus de morts derrière elle. C'est à Rosko Timber que l'on fait maintenant appel pour retrouver Svenson. Pour l'appâter avec la petite fille que Svenson n'a pas réussi à tuer il y a six années de cela...

Après des séries comme L'élève Ducobu, Lydie, Le client ou le plus récent La mondaine, il y a bien longtemps que le scénariste nous a fait montre de talents bien étendus, avec des histoires toutes plus différentes les unes des autres. C'est dans l'anticipation que Zidrou puise l'inspiration pour nous proposer le premier tome de ce qui devrait être un triptyque.

La présentation des personnages est ainsi parfaitement rapide et efficace, et il en est de même pour l'univers où l'humanité n'a plus sa place. Même la police est privatisée, et ne défend que les personnes ayant réglé leur cotisation. Les laissés pour compte sont nombreux dans ce livre, mais peut-être pas beaucoup plus nombreux que dans la réalité qui a forcément inspiré l'auteur.

Au niveau des dessins et des couleurs, c'est Alexeï Kispredilov qui officie. Le dessinateur ne fait pas dans la débauche de détails et de fioritures. Les traits sont taillés à la serpe, rendant les expressions particulièrement réussies et crédibles. Les regards ne trompent pas dans ce livre au graphisme épuré, qui rend la lisibilité et l'action optimales. Les vérités se dévoilent peu à peu, terribles, et il est au final parfaitement agréable de parcourir ce premier tome.

Un premier tome maîtrisé et réussi sur tous les plans. L'anticipation n'atteint pas le niveau d'une série comme Alter Ego, mais le côté polar et thriller est pour autant plus présent ici. De quoi contenter un assez large public donc, en attendant la suite de ce Rosko !