Nous sommes en 2027, quelque part dans l'Océan Atlantique, au large des Bermudes. Une plateforme pétrolière est en flammes, et une immense catastrophe écologique est encore une fois en train de se dérouler sous les yeux d'humains totalement impuissants. Des tonnes de pétrole se déversent dans la mer, et des milliers de kilomètres de côtes seront anéantis dans les prochaines heures, tandis que l'on cherche encore comment réussir à endiguer la fuite.
Mais en 2027, dans le même temps, la population carcérale a explosé, et les Etats-Unis en sont à construire des prisons sous-marines, desquelles il est proprement impossible de s'évader, étant donné les centaines de mètres de profondeur. Justement, Stewart est un ancien lieutenant qui a pris quelques années dans cette prison, après avoir refusé de tuer des vieillards innocents pour le compte de sa patrie. Maintenant, le voilà dans cette prison sous-marine, proche de quelques centaines de mètres de l'endroit où la plateforme pétrolière a coulé, entraînant avec elle les précieux documents qui permettront d'établir les responsabilités dans cette catastrophe.
Alors, les huiles viennent bientôt investir la prison, où les prisonniers sont bien mécontents de leur sort, et où la plupart des matons sont de véritables brutes épaisses... C'est dans ce contexte que Madame Rosenberg, la présidente de la commission envoyée sur les lieux, sera la première femme que nombre d'hommes auront vue depuis bien longtemps. Une femme jolie et déterminée, qui ne sait pas encore qu'elle fait l'objet d'une cible de choix dans une tentative d'évasion...
Bien entendu, il faudra ajouter à cela de mystérieuses et gigantesques créatures marines qui rôdent dans le secteur, histoire de rappeler le mégalodon d'une série comme Carthago, de Christophe Bec également. Ce premier tome de Deepwater prison ne peut pas passer inaperçu, lorsqu'on connaît les productions précédentes de Bec et de Stefano Raffaele, le très beau Prométhée en tête.
Ici, on retrouve le même système de narration que dans les séries susnommées, avec des scènes qui se déroulent à des moments différents, et avec des personnages différents. Une manière de présenter les protagonistes qui a fait ses preuves, et qui tend vite cependant à se calmer dans ce premier tome de Deepwater prison. Rapidement, le récit se recentre sur l'action présente, avec l'arrivée de la commission d'enquête dans cette prison.
Pour le moment, on a beaucoup d'éléments qui se mettent en place, entre une catastrophe écologique qui n'est pas sans rappeler notre réalité, des monstres marins qui ont été libérés lors d'un forage relativement récent, ou encore la manière de fonctionner, brutale, de cette prison sous-marine qui sent le huis-clos à plein nez. Tous ces éléments sont bien évidemment maîtrisés ici, et donnent naissance à un premier tome où il se passe déjà pas mal de choses. Cela se met en place efficacement.
Au niveau des dessins, c'est encore une fois très réussi, un peu à l'image de la couverture de Eric Henninot. C'est détaillé, magnifiquement mis en couleurs et en lumière de façon réaliste par les studios Digikore.
Une nouvelle série qui mêle anticipation et science-fiction, qui devrait trouver son public sans problème, avec une qualité qui est au rendez-vous. J'attends tout de même de découvrir le second tome pour voir comment Bec parviendra à emboîter tous ces éléments de façon cohérente, en ayant aucun doute sur sa capacité à gérer l'exercice.