Jim Qwileran , dit Qwil est chroniqueur au Quelque chose du comté de Moose, cest aussi lhomme le plus riche du centre Nord Est des USA et surtout lheureux propriétaire de Koko et Yom-Yom, deux chats siamois pas piqués des hannetons. Il faut dire que cela se passe dans la ville de Pickax, la voisine de Brr, toutes deux fondées par des pionniers et toujours en rivalité. Pickax est une ville où les chats sont rois, elle va fêter son cent cinquantenaire et de nombreuses réjouissances sont prévues au programme comme des parades, des fêtes de famille et des ventes aux enchères. Nous suivons par le menu lorganisation de ce programme dont Qwil est un des pivot.
Une tricoteuse dun village alentour a le don de double vue depuis quelle est devenue veuve et prédit quil y aura un ouragan, un coup de feu et des meurtres lors de la fête. De toute façon, pas besoin denquêter, dune part la tricoteuse la dit et dautre part Koko possède le don de signaler les crimes par un miaulement particulier. Et bien sûr il a signalé les deux crimes en question, quant à la police, elle est occupée par un attentat contre les bacs de fleurs de la ville.
Nous sommes dans un univers qui lasse même les amoureux des chats, on se croit parfois dans Oui-Oui tant cest enfantin et plutôt ridicule. Ce livre va agacer tous ses lecteurs âgés de plus de dix ou douze ans, il semble tout droit sorti de la bibliothèque verte, pour ne pas dire rose. Quant au suspense, il y en a nettement plus dans Le Club des cinq, cest dire si un lecteur adulte et amateur de polars va y trouver son compte. Le sommet est atteint dans la description de la préparation et de la vente aux enchères des chatons. Lauteur décrète que ce que le commun des mortels appelle un panier de transport est la "limousine" des chats. Elle est tellement contente de sa trouvaille que le mot "limousine" (dans cette acception) est répétée au moins quarante ou cinquante fois sur les quinze pages qui parlent de cette vente aux enchères.
Pas besoin den dire plus pour démontrer le peu denthousiasme suscité par ce livre, mais je ne voulais pas en rester là, car cette série comporte de nombreux volumes, donc elle a vraiment trouvé son public. De plus, je suis une grande fan de la collection Grands détectives de 10/18, qui nous ont habitués à dexcellents polars et non des navets tout droit sortis de la bibliothèque rose. Donc au premier degré, ce livre convient très bien à des enfants de dix ou douze ans amis des chats, mais les adultes doivent le lire au second degré. Et je pense quà ce niveau il sagit dune critique acerbe des riches américains, car à Pickax, tout le monde est très riche, on se livre à des galas de charité et autres ventes aux enchères où lon paie très cher des objets très courants, le bénéfice étant reversé à des oeuvres caritatives. Je pense que le passage des chatons dans leur limousine en est un indice. A la fin du livre, on inaugure un musée dont lentrée coûte cinq cent dollars qui va dans le même sens.
Une autre clé de lecture nous est fournie par linterview de lauteur par Qwil où elle exprime ses regrets de ne pas avoir écrit du théâtre absurde et se réfère à ces dramaturges (Ionesco, Jarry et Beckett), donc son univers sinspire de ce genre littéraire (vous ne serez sans doute pas surpris de lire que je napprécie guère ces pièces !). Pour ma part, je préfère très très nettement les vrais polars destinés aux adultes dans lesquels il y a de laction et pour lesquels il ny a pas besoin de se torturer les méninges pour trouver un sens caché. Je lirai sans doute un autre titre de cette série quand je naurai plus rien à lire et surtout pour confirmer ou infirmer cette très mauvaise opinion.