Les Chroniques de l'Imaginaire

Asylum (La grande évasion - 7) - Lehman, Serge & Teague, Dylan

Nous sommes dans le futur, dans une prison du nom de Asylum qui a plusieurs particularités. D'abord, elle est souterraine, ce qui fait que les prisonniers ne voient jamais le ciel. Ensuite, les prisonniers, gardés par des robots surveillants, sont partagés en différentes couleurs : les rouges sont des tueurs, les jaunes sont des psychotiques et les bleus sont des prisonniers au sens politique développé. Une autre couleur, le vert, a pris naissance chez des prisonniers plus rares, après un croisement entre un jaune et un bleu...

Et il s'agit bien de croisements dans Asylum. Tout est sous le contrôle de Pastor, un homme qui semble avoir des yeux et des oreilles qui traînent absolument partout dans sa prison. Les prisonniers y naissent et y meurent, le plus souvent de combustion, après que Pastor juge qu'aucun traitement ne peut guérir le prisonnier, et qu'il vaut mieux le cloner pour le soigner sous de nouvelles couleurs qui lui réussiront peut-être mieux.

C'est dans ce contexte qu'on suit notamment Mark-11 (le chiffre étant le nombre de clonages subi) et Sophie-3, les deux derniers verts après qu'Anton-5 ait justement fait l'objet d'une combustion. Les deux derniers verts posent un vrai problème à Pastor, et ils le savent. Mark-11 est bientôt envoyé avec une équipe de prisonniers afin de nettoyer des canalisations. Il y trouve une étrange sonde sphérique qu'il apporte bientôt dans sa cellule. L'incroyable se révèle vite à Mark : il vient d'entrer en contact avec des hommes de la surface. Ces derniers sont eux-mêmes totalement hagards : cela fait près d'un siècle qu'Asylum a été officiellement fermée, alors comment expliquer ces milliers de prisonniers encore sous contrôle non pas d'un homme, mais bel et bien d'une diabolique intelligence artificielle ?

Ce septième one-shot de la série La grande évasion sera, à n'en pas douter, l'un des meilleurs, si ce n'est le meilleur ! L'univers imaginé par Serge Lehman est tout simplement bluffant de justesse et de détails, rappelant sa série La saison de la couloeuvre parue chez L'Atalante, et il est très facile de se retrouver incarcéré dans cette prison d'un nouveau genre, un peu comme ce qu'on peut d'ailleurs croiser dans une série comme Deepwater Prison, ou dans un film comme Evasion.
Les détails vont jusque dans l'explication du système qui régit la vie dans la prison, déshumanisant un maximum les prisonniers, encore une fois un peu à l'image de ce qu'on peut voir dans un film comme The Island. Toutes ces références ne sont pas de minces affaires, et la comparaison est à mon sens parfaitement justifié avec les très belles planches qu'on tourne ici.

Côté dessin justement, le travail minutieux de Dylan Teague et de Cyril Saint-Blancat à la couleur est un véritable régal : c'est beau et détaillé. Les plans et les jeux de lumières sont audacieux, les expressions des visages sont parfaitement soignées, et les personnages principaux charismatiques et attachants. De quoi servir parfaitement une excellente histoire qui parvient à faire son trou à la fois dans cette série, mais également dans les séries qui touchent au milieu carcéral. Bravo et merci aux auteurs pour ce formidable tome !