Les Chroniques de l'Imaginaire

Minimum (Minimum - 1) - Miyazaki, Maya

Le moins que l'on puisse dire sur Ito, c'est que les femmes lui mettent un sacré complexe. C'est très simple : ce lycéen n'ose même pas regarder la moindre vidéo cochonne en face. À la place, il se concentre sur ses photographies, sans doute la seule chose qui le rattache actuellement à une activité sociale quelconque. Sauf que dans son lycée, Ito est le seul membre du club de photographie... Ito serait donc carrément solitaire si on excluait son seul ami, Saitô, qui lui est plutôt du genre excentrique.

Mais voilà, à force de se faire titiller par son camarade, les hormones travaillent... et c'est moitié honteux, moitié consentant qu'Ito, seul dans le labo photo du lycée, cherche à se connecter à une site pornographique, limite en tapant n'importe quoi. C'est ainsi qu'il se retrouve sur une page mystérieuse dans une langue qui ne l'est pas moins, E.LO. Mais le lycéen a beau cliquer, le site ne dévoile rien. Par contre, il ne remarque pas que la tour de l'ordinateur se met à chauffer, et qu'une petite explosion fait sortir le chargeur du DVD ROM... sur lequel se trouve une drôle de créature quasi nue, à deux bas près : une femme en miniature !

Abasourdi par ces atours féminins qui se dévoilent à lui, Ito ne comprend d'abord pas que cette étrange créature n'est pas un animal, mais bel et bien une jeune femme complètement paniquée. Elle lui vocifère alors de lui donner de quoi se vêtir, et un téléphone pour appeler ses proches... mais rien n'y fait : si le jeune puceau obéit sans discuter à cette minuscule créature, celle-ci ne parvient pas à joindre sa famille ou ses amis. Et les besoins naturels se font aussi vite sentir. Comment rejoindre les commodités avec cette taille peu commode ?

Après les éditions Soleil, Pika, Kurokawa et d'autres, Glénat se lance aussi dans le créneau du manga érotique. Choisir une femme mangaka parait donc une bonne idée pour se démarquer des séries déjà existantes sur le marché français. Après tout, un premier opus donne la première pierre de la vision globale d'une collection. Sauf qu'avec Minimum, je me suis vite retrouvé sur ma faim en la matière. Ce n'est pas un problème de graphisme : de ce côté là, les traits de Maya Miyazaki sont sans reproche. C'est plutôt pour des questions relatives au scénario qui, s'il se veut faire un léger parallèle à la série culte Video Girl Aï, est très loin de lui arriver à la cheville au niveau de la psychologie de ses personnages.

Alors certes, c'est un premier volume et l'auteure place dans l'inconnu les raisons de cet étrange phénomène (une femme, petite, sortant d'un ordinateur). Mais si ce personnage, Haru Nishikujo, arrive à bien montrer sa peur panique et l'incompréhension face à l'impossibilité de retrouver ne serait-ce que sa maison, jamais elle ne pose la moindre question sur les raisons de son état. Soit elle hurle sur Ito pour qu'il fasse ce qu'elle veut, soit elle pleure. Ce dernier, lui, est plutôt la bonne poire, à obéir pratiquement sans trop discuter. Il fait des choix complètements idiots par manque de référence sur les dangers éventuels, les relations avec les autres ou tout simplement par négligence de ses propres opinions. Je ne parle même pas du troisième personnage qui ne dévoile au lecteur pour l'instant que le pire de son caractère.

On apprends cependant au fil des chapitres certaines raisons qui ont fait d'Ito ce qu'il est à présent. Mais cela laisse bien trop d'interrogations pour comprendre vraiment où l'on va. Si Video Girl Aï mettait l'accent sur les relations entre garçons et filles, en particulier sur les difficultés à communiquer ses sentiments de la manière dont l'autre les attends, dans Minimum on ne sait pas où l'on va, hormis le fait qu'il faut résoudre ce mystère. Pourquoi Ito aide-t-il, c'est presque un mystère.

Cependant, la donne risque bien d'être changée dans le deuxième volume prévu pour le mois de juin. Peut-être que le scénario va y gagner en clarté. Parce que bon, voir des atouts féminins, j'aime bien ça. Mais savoir pourquoi je les vois, c'est mieux. Histoire à suivre.