Les Chroniques de l'Imaginaire

Alibis (Alibis - 49)

Ce numéro de l'hiver 2014 nous présente cinq nouvelles, deux articles et les rubriques habituelles.

Les cinq nouvelles :

Précoce vocation de Paul Scadera
Une nouvelle agréable à lire, de construction rarement utilisée : racontée à la deuxième personne du singulier, l'auteur s'adresse directement à son personnage. Et c'est percutant. On voit une petite fille de neuf ou dix ans, en camp de vacances, mal dans sa peau, souffre-douleur de ses camarades, devenir petit à petit méchante et aimer ça.
C'est superbement bien raconté, vivant, réaliste, concis mais efficace.

Jeu de patience de Isabelle Lauzon
Toujours dans l'enfance mais un peu plus âgée, ici on suit l'histoire d'une adolescente torturée qui joue à un jeu de patience inculqué par son père. Un jeu cruel, mortel, mais efficace.
Bien raconté, bien mené, le suspense est maintenu jusqu'au bout.

God, gold & guns de André Jacques
Ici, on a une nouvelle un peu plus longue que les deux précédentes, bien écrite également, mais moins originale.
Jordane est une jeune femme qui se prostitue et effectue de menus larcins pour gagner l'argent nécessaire pour ses études. Un jour, dans un bar où elle est partie à la chasse au client, elle tombe sur deux hommes qui semblent de parfaites victimes. Elle vole la mallette de l'un d'entre eux. Mais cette mallette contient des secrets redoutables.
On se retrouve alors dans un film américain banal : mafia, chantage, danger, révélations...
Malgré une écriture fluide et agréable à lire, je n'ai pas été emballée par cette histoire pour laquelle j'attendais un final bien plus percutant.

Double jeu de Mathieu Croisetière
Une nouvelle comme on les aime : qui surprend, qui étonne, bien écrite, et dont le final laisse scotché.
Le personnage qui raconte son histoire a un ami, Steve, qui fait souvent des bêtises et il doit l'aider à cacher ses méfaits. Ce matin-là, c'est encore une jeune femme que Steve a "malencontreusement" blessée.
Mais au fil des paragraphes on comprend que rien ne parait aussi simple. Steve n'est peut-être pas si innocent que cela et... son ami non plus.
Une nouvelle vraiment efficace.

L'étrangleur aux mains d'acier de Maxime Houde
Une femme est retrouvée étranglée. Ce n'est pas la première victime. Coveleski va enquêter.
Classique, bien écrite, cette nouvelle procure une lecture agréable mais sans surprise.
Un des atouts de cette nouvelle : son langage, très québécois, donc très exotique pour nous, français. Comme par exemple, ce magnifique juron "Osti de câlisse de saint-sacramant de ciboire de tabarnak !"
Un régal !

Les articles :

L'année 2013 du polar québécois de André Jacques
André Jacques répertorie dans cet article les romans policiers québécois publiés en 2013. Bien sûr, son choix n'est pas exhaustif, mais il présente avec passion tous ceux qu'il a aimés. Il explique également la difficulté du polar québécois à percer dans d'autres pays, comme la France par exemple, alors que le polar scandinave y arrive très bien.
A noter pour l'anecdote : pour nous, français, certains termes purement québécois sont surprenants. Le titre d'un polar québécois peut étonner le lecteur français : J'haïs les vieux de François Barcelo.

Conversation avec Jacques Côté de Pascale Raud
Les interviews d'auteurs publiées dans Alibis sont toujours très agréables à lire. Jamais sentencieuses ou trop philosophiques, elles permettent de vraiment faire connaissance avec l'auteur interviewé. Celle-ci n'est pas en reste. Même si on ne connait pas ou très peu (seulement par les nouvelles publiées dans Alibis) les œuvres de l'auteur, j'aime découvrir son histoire, ses désirs, son travail.
Ici, Jacques Côté nous explique sa passion pour la médecine légiste, comment il effectue des recherches minutieuses, comment il élabore ses personnages, ses romans.
Un article passionnant, sur un auteur passionnant, et un sujet passionnant.

Les rubriques :

Camera Oscura de Christian Sauvé
Dans ce numéro, Sauvé nous parle, avec toujours autant de talent, de la violence dans les films.
Le crime en vitrine et Dans la mire présentent, pour le premier de façon très succincte et pour le second un peu plus développé, les dernières publications.