Les Chroniques de l'Imaginaire

Mise en cène - Williams, Wayne & Allan, Darren

Le principal personnage de ce thriller très sanglant est Judas Iscariote, oui le fameux Judas du baiser. Je sais que ce personnage est très à la mode ces dernières années, mais c’est la première fois que je lis un livre le concernant.

Au début, Judas raconte sa rencontre avec Jésus. Le terme biblique "rabbi" est traduit par "professeur", ce qui ne me paraît pas très approprié, mais passons. Le roman commence à la veille du dernier souper des apôtres avec Jésus. Judas a un oncle, Daniel, qui souffre d’une addiction au jeu. Une fois de plus le pauvre homme s’est mis dans de mauvais draps, il doit trente pièces d’argent au Boucher, un ancien légionnaire qui menace de le tuer et disperser son cadavre en petits morceaux si Daniel ne s’acquitte pas de sa dette. Ce dernier, complètement paniqué demande à son neveu de l’aider. Judas n’a rien à vendre et décide de livrer Jésus au Sanhédrin. Il rencontre Caïphe le grand prêtre, qui lui demande d’identifier Jésus par un baiser, ce que Judas trouve idiot étant donné que le Messie est connu comme le loup blanc.

Les choses se passent comme on le sait, Judas n’est bien sûr pas informé des intentions réelles des autorités, il pense que Jésus sera seulement interrogé puis relâché. Il compte sur la bonté de son ami pour lui pardonner une fois que l’histoire se sera tassée.

La cène, le procès de Jésus, sa crucifixion et sa résurrection sont racontés assez rapidement. Judas est très secoué par le désastre qu’il a provoqué, il se rend chez son oncle pour lui remettre les trente pièces, mais celui-ci a regagné sa dette en jouant à nouveau. Judas est furieux. Il se rend ensuite chez son père, un vieil homme amer et peu aimant qui l’a toujours rejeté. Simon lui apprend sans ménagement que son ami d’enfance Gédéon a été tué par un voleur de bétail tandis qu’il gardait son troupeau. Il s’agit d’un meurtre sanglant, on lui a arraché un œil.

A son retour à Jérusalem, Judas apprend qu’un autre de ses amis a été massacré par un faux médecin. Il rassemble trois de ses anciens amis et ils se mettent à enquêter sur ces crimes. Judas reçoit un billet anonyme disant "Je sais ce que tu as fait".

Désormais, il se lance dans une course contre la montre pour découvrir qui est cet assassin et le démasquer au plus vite tandis que des meurtres tous plus sadiques les uns que les autres déciment son entourage. Judas soupçonne ses amis apôtres qui l’ont rejeté, Lazare ou peut-être même Jésus d’être responsable de cette vengeance terrible. Il veut aussi rendre l’argent à Caïphe, pour mettre un terme à la malédiction, mais il le refuse. Toutefois il a aussi ses sales secrets et Judas détient un moyen de pression.

Ce roman serait vraiment une belle réussite et aurait mérité un grand coup de cœur si la fin n’était pas aussi bâclée. Le personnage de Judas est très travaillé et intéressant, tout en nuances. On est loin d’un personnage tout noir, le vrai méchant du livre est plutôt le grand-prêtre. Malheureusement la fin vient mettre par terre cette belle construction.

J’ai eu l’impression que les auteurs ne savaient comment se dépêtrer de leur histoire et qu’ils nous balancent le dénouement en quelques pages bâclées. Ils n’ont pas pu aller au bout de la tension entre leur personnage romanesque très intéressant, humain et construit et le texte biblique pour lequel Judas est un monstre à oublier au plus vite. La morale biblique est sauve, mais c’est au détriment du roman qui se termine sur un goût d’inachevé.

Un autre point que je reprocherais aux auteurs est la description sanguinaire des meurtres et autres supplices, qui semble les avoir comblés. Ce plaisir malsain à décrire des actes de barbarie ou les souffrances des victimes m’a fait penser au seul livre de Karine Giebel que j’ai lu, dont j’ai oublié le titre mais qui présentait aussi ce travers.