Les Chroniques de l'Imaginaire

La tour fantôme (La tour fantôme - 1) - Nogizaka, Taro

Nous sommes en 1954, quelque part au Japon. Taïchi Amano est ce qu'on pourrait appeler un loser : il n'a aucune activité, est encore célibataire, ne sort quasiment jamais de chez lui, et a maintenant plusieurs mois de loyer en retard. Pire, il passe son temps à feuilleter des revues qui mêlent la pornographie et l'horreur. Au grand désarroi de sa propriétaire, tout son maigre argent part dans des histoires horrifiques ou malsaines, et c'est tout ce qui intéresse Amano.

Mais lorsqu'il croise l'ancienne plus jolie fille de son lycée, qui discute avec lui, Amano ne peut s'empêcher de mentir sur sa situation. Le mensonge est d'ailleurs sur le point de se voir, lorsque Amano est sauvé sur le fil par Tetsuo, un garçon au charme fou et aux riches vêtements, qui dit être le domestique d'Amano... Pourtant, les deux personnes sont encore des inconnues l'une pour l'autre, mais Tetsuo ne va pas tarder à parler d'une horloge bien étrange, en haut d'une tour, qui a été le théâtre d'un meurtre particulièrement sordide il y a deux ans.

L'horloge en question a vu une vieille dame être solidement attachée aux deux aiguilles. Elle a ainsi eu le bassin totalement retourné, et à petit feu, lorsque les aiguilles se mouvaient, à chaque minute. Tetsuo prétend que cette horloge n'est en fait qu'un immense coffre-fort qui rapportera des milliards à ceux qui perceront les secrets de ces rouages. Mais aussi, l'imaginaire collectif veut qu'un fantôme y soit encore présent, et qu'il vaut mieux ne pas s'approcher de ces mécanismes.

Et Amano, qui cherche maintenant à se faire embaucher comme gardien par les nouveaux propriétaires de cette tour, passera par une case bien désagréable où il se retrouvera lui aussi attaché à ces deux immenses aiguilles de métal...

Taro Nogizaka nous présente là le premier tome de La tour fantôme, une série qui, il faut bien le reconnaître, n'est pas sans être terriblement haletante, avec ce premier tome en tout cas. Les personnages sont largement présentés, et ce Tetsuo n'est pas sans avoir une large part de mystère. Un personnage en tout cas travaillé, attachant, et particulièrement charismatique. Tout le contraire d'Amano, qui est beaucoup moins sûr de lui, et dont la naïveté ne peut nous empêcher de penser qu'il ne sera que le jouet de Tetsuo.
Pour autant, ce personnage n'est pas sans être lui aussi particulièrement attachant, et il en ira de même pour les quelques personnages secondaires que le lecteur aura à croiser dans ce seinen délicieusement horrifique.

Un premier tome réussi, aux traits nerveux et précis, haletant au possible, qui ne sera pas sans déplaire les amateurs de sensations fortes. Moins choquant qu'un Scumbag Loser, ce seinen devrait pouvoir se trouver un public en France, sans trop de problème. Vivement la suite !