Au début de sa carrière, le profiler John Scott a contribué à l'arrestation d'un tueur en série qui massacrait ses victimes à l'aide de petits pieux en bois. L'habileté conjuguée du tueur et de son avocat lui avait pourtant permis d'éviter la perpétuité, et il était mort après quelques années d'incarcération.
Des dizaines d'années plus tard, tandis que John enquête sur le meurtre d'une mère célibataire et de ses deux filles, il est contacté par Franck Rivers. Ce membre du FBI, sans l'appui de sa hiérarchie, approfondit les recherches sur une affaire classée : un jeune garçon, qui cherchait un trésor, a déterré dans un terrain vague le crâne d'une fillette. Les ossements datant de la fin du dix-neuvième siècle, l'affaire a été rapidement close. Mais pour Rivers, quelque chose cloche. Il réussit à soutirer au petit chercheur de trésor des renseignements que l'enfant n'avait pas livrés à la police : à côté du crâne, il y avait une poignée de petits pieux en bois... John Scott et Franck Rivers vont devoir s'associer pour tenter de comprendre le rapport qu'il peut y avoir entre ces deux affaires.
IL est un roman extrêmement dérangeant, d'une grande violence et d'une grande froideur. La plupart des personnages baignent dans un climat de menace permanent : en effet, si les enquêteurs suivent une ou deux affaires principales, les chapitres regorgent, en toile de fond, d'autres meurtres, d'autres affaires de disparitions, de tortures et de viols tout aussi barbares et terrifiantes. C'est très éprouvant à lire. On a l'impression que le danger est partout. Cette atmosphère oppressante est accentuée par le style précis, presque documentaire, et le rythme lent et hypnotique. Le lecteur n'a pas du tout l'impression d'être plongé dans un thriller, voire même dans un roman. On a plutôt le sentiment de lire un essai ou une étude sur le sujet. D'autant plus que l'auteur s'est largement inspiré de faits réels et que les noms et les crimes de tueurs célèbres reviennent à plusieurs reprises dans le récit. C'est vraiment glaçant.
Ces particularités donnent à IL une couleur très particulière et une ambiance inimitable. On apprend beaucoup de choses sur la psychologie des serial killers et sur les méthodes d'investigation du FBI et des cellules spécialisées dans la traque et l'appréhension des tueurs dits "récréatifs" - tellement de choses qu'à la parution de IL aux États-Unis, en 1992, l'auteur a été mis en examen pour qu'il livre les sources lui ayant permis d'écrire un "roman" si réaliste et détaillé. Tous ces aspects sont très intrigants, mais IL souffre également des défauts de ces qualités. Le rythme est poussif, le déroulement de l'intrigue décousu. On est loin d'être face à un page-turner, ce qui peut être décourageant vu la taille de ce pavé (plus de neuf cent pages pour l'édition de poche) !
On est donc soulagé d'arriver au bout de cette lecture, non pas parce qu'il s'agit d'un mauvais livre, mais plutôt parce qu'il est tellement bien fait qu'on n'a qu'une envie : se sortir de son atmosphère oppressante et de l'étrange malaise qu'il distille en vous. A réserver donc aux amateurs de sensations fortes, pour peu qu'ils soient des lecteurs patients.