Nous sommes en 1492. Des caravelles sont en train de se frayer, tant bien que mal, un passage à travers les flots déchaînés. Les marins sont nerveux, à force de ne pas voir arriver les terres promises à l'ouest. La rébellion gronde, d'autant que les marins en question, très crédules, voient des signes du diable un peu partout dans ce voyage, et finissent même par trouver deux cercueils cachés à bord. L'envie d'envoyer tout cela par dessus bord est forte.
Des années avant, en 1483, nous sommes au Portugal. Des navigateurs comme Cristobal Colomb ont des idées neuves, mais pas forcément l'argent du roi pour les mettre en uvre. Colomb est persuadé qu'une voie par l'ouest existe, et qu'elle permettrait d'arriver aux Indes en s'épargnant un long détour des côtes africaines. Mais les idées neuves rencontrent encore beaucoup de résistance et il va falloir un événement tout autre pour débloquer la situation.
Cet événement prend la forme de Salvador, un marin que tout le monde pensait mort depuis des années, qui revient avec sa compagne, Enoa, une fille très jolie et surtout très mystérieuse. Enoa vient de l'ouest et elle devient vite l'objet de toutes les curiosités. Pour des gens comme Colomb, elle est la preuve vivante qu'une route vers l'Ouest n'est définitivement pas une folie ! Mais tous ne sont pas de la bienveillance de Colomb et Enoa devient vite prisonnière, elle qui est pourtant malade et qui a accepté de revenir avec Salvador juste pour se faire soigner.
Salvador, de son côté, a déjà vu les saccages des blancs en Afrique. Pour lui, il est hors de question de révéler la route pour l'ouest, de crainte de voir la même chose se réitérer auprès d'un peuple qu'il a appris à aimer, bien avant que Colomb n'entre dans l'Histoire pour avoir découvert le Nouveau Monde.
L'homme de l'année s'attaque à l'année 1492 avec ce sixième one-shot, signé Céka et Tandiang. L'homme en question, mis en avant dans ce tome, n'est nullement Christophe Colomb, comme on pourrait s'y attendre, mais plutôt Salvador, ce jeune marin revenu d'un terrible naufrage. Le récit est ainsi centré sur ce personnage, et sur l'amour qu'il entretient avec Enoa, une jolie autochtone qui n'a rien à envier à une héroïne comme Luuna. Un parti pris qui soutire le côté historique de ce récit, pour repartir vers une aventure digne du neuvième art.
Les dessins de Patrick Tandiang laissent la place à des visages burinés, taillés à la serpe, mettant en avant des expressions soignées, avec d'audacieux cadrages. Pour autant, certains détails auraient mérité un peu plus de soin ou de temps sur telle ou telle planche, même si l'ensemble reste de bonne facture.
Un récit finalement tout à fait soigné, même s'il ne sera pas parmi les meilleurs de la série !