Les Chroniques de l'Imaginaire

Bleu Bauhaus (La guerre des amants - 2) - Manini, Jack & Mangin, Olivier

Nous sommes en Allemagne, en 1922. Natalia et Walter ont quitté la Russie avec Kandinsky, et sont introduits par ce dernier auprès de Gropius, un homme de caractère ayant fondé Bauhaus, une école d'art qui ne demande qu'à accueillir les deux jeunes artistes russes très complémentaires. Rapidement, les deux amoureux rencontrent Joost, un étudiant à la boule à zéro, qui voue un culte à Maître Itten, un professeur influent de l'école, qui donne son aval pour la venue de Natalia et de Walter.

Les cours démarrent, de façon intensive, auprès des différents professeurs de l'école. L'influence d'Itten touche vite de façon différente Walter et Natalia. Ainsi, l'américain est vite impressionné par le charisme du maître, et il n'en faut pas plus pour qu'il adopte dangereusement ses idées. Celles-ci sont plutôt très conservatrices, et surtout fortement influencées par la religion, qui prend une place bien trop importante dans ses cours, aux yeux de Natalia.

Les deux étudiants ne tardent pas à se disputer, et même à se séparer lorsque Walter va jusqu'à se raser totalement la tête. Walter va de plus en plus mal en s'enfermant dans un tel extrémisme, mais l'aide de Natalia parvient à le faire sortir de sa bulle. Et il est temps, car l'Allemagne est un pays de plus en plus secoué. Le chômage guette, et les extrémismes montent dans ce pays en colère. Bientôt, les chemises brunes et l’emblème nazi font leur apparition. L'école Bauhaus doit fermer, pour rouvrir dans une autre ville allemande. Ce déménagement ne sera que le premier...

Ce second tome de La Guerre des Amants est encore une fois centré sur la relation entre Natalia et Walter. Les deux personnages sont encore une fois très travaillés psychologiquement et graphiquement, et sont on-ne-peut-plus attachants, comme cela était déjà le cas dans Rouge Révolution, le premier tome de la série. Natalia est ainsi toujours aussi critique lorsqu'il s'agit d'art, pouvant se mettre dans une rage folle dès que Walter lui expose une autre vision de l'art.

Les jeunes étudiants, l'une russe et l'autre américain, sont plongés dans un contexte historique particulier, avec cette Allemagne entre les deux guerres, qui voit monter le parti nationaliste, même si Hitler est encore en prison à cette époque. Même dans l'école d'art, on peut voir différents clans d'étudiants se mettre en place, avec des idéologies totalement différentes, parfois malsaines, qui se mettent peu à peu en place.

Graphiquement, Olivier Mangin se met encore totalement au service du récit de Jack Manini. Ses personnages sont troublants de réalisme et de justesse. Les expressions et les costumes soignés n'y sont pas pour rien, de même pour les découpages astucieux et les prises de vue, qui accélèrent ou temporisent, en fonction de la situation. Les couleurs et les lumières de Bérengère Marquebreucq ne sont pas en reste, pour parvenir à un tome très abouti, dans la ligné directe du précédent.

Une série qui se poursuit de très belle manière, et qui mérite largement l'attention du plus grand nombre, tant la maturité graphique et scénaristique y est palpable. Vivement le troisième et dernier tome, qui nous arrivera en 2015 !