Les Chroniques de l'Imaginaire

La succession Moriarty (Les Quatre de Baker Street - 5) - Djian & Legrand, Olivier & Etien, David

Sherlock Holmes est officiellement mort en luttant contre le Professeur Moriarty, dans les chutes de Reichenbach. Les journaux en font leurs gros titres, que les quatre francs-tireurs de Baker Street ne peuvent s'empêcher de lire. Le moral n'est pas au beau fixe, notamment pour Black Tom qui broie du noir par rapport à sa cousine. La surprise est immense lorsque les trois jeunes enfants et leur chat tombent nez à nez avec... Sherlock Holmes, bien vivant !
Mais le détective souhaite conserver son statut de décédé, afin d'avoir les mains libres pour enquêter. Contrairement à ce que disent les journaux du pays, les lieutenants les plus importants de Moriarty n'ont pas été arrêtés. Notamment, un trio subsiste, avec Blackstone, chef de Scotland Yard, le colonel Sebastian Moran, et le jeune Keene, ancien élève de Moriarty, qui se voit bien reprendre le flambeau...

Rapidement, ces membres de ce qu'on nomme la Firme se mettent en route, en enlevant le bébé d'un magnat des finances londonien, Oswald Trevelyan, et en lui réclamant une rançon énorme, à la mesure de la fortune d'Oswald. Le père de ce dernier en parle à son club, et notamment à Mycroft Holmes, frère de Sherlock, qui sait que son frère est bel et bien vivant. Et à qui Sherlock demande-t-il de faire de la surveillance et de la filature ? Qui d'autre qu'à ses francs-tireurs préférés, après tout ?

Et bien évidemment, Tom, Billy, Charlie et leur chat Watson vont parvenir à arriver jusqu'à cette sombre maison de l'East End où le fils Trevelyan est retenu... C'est la cinquième fois que l'on croise ce groupe d'enfants des rues londoniennes, à l'ère victorienne, et c'est la cinquième fois que l'on se régale de ces aventures qui arrivent en marge des aventures du célèbre détective privé de Baker Street.

Le scénario de J.B. Djian et Olivier Legrand est encore une fois un récit qui se déroule à cent à l'heure. On se place à une période censée être tragique, mais on retrouve bien vite le détective en question, pour se recentrer sur les filatures et les avancées de ces gamins des rues. Ces derniers grandissent, forcément, depuis cinq tomes, et des tensions se manifestent par rapport aux aventures précédentes : le besoin de parler se fait sentir, même s'il n'est pas encore assouvi !

Au niveau des dessins, c'est encore une fois du grand art : retrouver les traits fins et détaillés de David Etien est un vrai bonheur : les visages sont détaillés et expressifs au possible, les décors sont particulièrement soignés, avec des détails omniprésents, rendant entre parenthèses une seconde lecture obligatoire et intéressante pour saisir des éléments qui auraient pu nous échapper (et quoi de plus normal dans l'univers de Sherlock Holmes !). Les plans et les cadrages sont particulièrement bien trouvés, audacieux, et permettent d'accélérer le rythme dans les moments opportuns, pleins de mouvements également.

Du mouvement, voilà encore une chose qui est particulièrement présente dans ce tome, parfois même un peu trop, notamment avec cette agression du chat Watson envers Ruby, qui pourrait presque faire penser à une attaque de tigre. En dehors de ce petit détail, c'est encore une fois un excellent tome qui paraît ici chez Glénat, tout en promettant d'autres tomes qui nous font saliver d'avance !