Par une nuit orageuse, un camion s'enfonce dans la forêt. Il stoppe, lorsque ses phares illuminent une silhouette qui attend, un peu plus loin. Une autre silhouette apparaît, puis une troisième... Bientôt, la camionnette est attaquée, puis embourbée. Le chauffeur, armé, parvient à faire fuir les assaillants. On n'en saura pas plus sur la cargaison qui est tant défendue.
De jour, à présent. Un renard approche de la ville : il s'agit de Sherlock Fox, un commissaire de police. Une assemblée de gens fortunés le regarde, lorsqu'il annonce avoir trouvé le coupable qui se trouve parmi eux. Pour cela, le commissaire en question a eu à aller dans des endroits peu recommandables. Nous sommes à une époque où les divers animaux ont réussi à refréner leurs plus bas instincts. L'horrible chaîne alimentaire n'existe plus, ou en tout cas plus dans les endroits convenables. Bien entendu, toutes les pulsions n'ont pu être refrénées, notamment le sexe et l'alcool, qui ont encore leurs lieux nocturnes, qui sont autorisés. Et c'est bien le genre d'endroit idéal pour démarrer une enquête.
Ainsi, un homme qui se déteste lui-même demandera à être puni, lui qui revendait des parts importantes de ses amis fortunés pour assouvir ses plus bas instincts. Un crime encore pas trop grave, au regard des découvertes suivantes : des squelettes d'animaux, à moitié mangés, qui prouvent que la chaîne alimentaire n'est pas encore bannie pour tous les animaux. Une nouvelle enquête particulièrement difficile pour Sherlock Fox, qui n'a pas encore eu à traiter ce genre de problème...
La première réaction, en voyant la couverture de ce premier tome de Sherlock Fox, est d'être en admiration devant le travail graphique de Du Yu, dessinateur chinois dégoté par Jean-David Morvan et ses orientales relations. L'expression est soignée, les décors très minutieux, avec un énorme souci du détail. Les planches, parcourues rapidement, confirment cette impression : Du Yu est un dessinateur de grand talent, soignant les expressions animales de ses personnages, même si on tient là des cases souvent moins lumineuses que ce que présente la couverture.
En regardant de plus près, on a certains gros plans qui sont tout de même de moins bonne facture, avec une impression de perte de qualité, comme lorsqu'on zoome trop fort sur une photo. Par ailleurs, même s'il est intéressant et de meilleure facture qu'un diptyque comme Karl & Klee, il faut bien reconnaître que ce premier tome de Sherlock Fox aura bien du mal à soutenir la comparaison avec une série comme Blacksad, qui a par ailleurs tout inventé en matière de polar animalier.
Ainsi, ce premier récit de Morvan se laissera bien sûr lire avec plaisir, avec des éléments intéressants, comme ces animaux qui ont évolué dans leur mentalité. La couverture, particulièrement aguicheuse, aura de quoi attirer, et avec raison, une armée de lecteurs. Pour autant, ce premier tome ne laissera pas une impression incroyable, avec des enquêtes finalement pas si originales que cela, et quelques imperfections qu'il faudra corriger dès le tome suivant.