Les Chroniques de l'Imaginaire

Thérèse, Dragon - Marie, Damien & Karl T.

Nous sommes peu après 1780. Thérèse Figueur est encore une petite fille, qui n'a jamais connu sa mère morte en accouchant. Son père s'est remarié, et le moins que l'on puisse dire est que Thérèse a une relation plus que chaotique avec sa belle-mère, qui n'est pas plus sobre qu'elle n'est fidèle. Quelques années passent, avec pour seul vrai camarade, un gamin nommé Clément Sutter, avec lequel la jeune Thérèse passe le plus clair de son temps.

Mais l'époque n'est pas propice au développement des jeunes amours. Il ne fait pas bon être royaliste à cette époque de l'Histoire, et très jeune, Thérèse doit quitter le peu qu'elle connaît afin de suivre son oncle vers le midi de la France, afin d'échapper aux soldats de la Convention. Le seul déchirement pour Thérèse est de devoir quitter Clément, qu'elle jure de rejoindre à un moment ou à un autre...

Alors, la carrière de soldate de Thérèse va démarrer : du camp des Royalistes, elle va passer dans les armées napoléoniennes, y participera à de nombreux combats, dans bien des pays européens, tout en étant faite prisonnière deux fois. Thérèse Figueur aura vu la mort de près, souvent présente au front, en tant que seule femme Dragon de la garde napoléonienne.

C'est Damien Marie (au scénario) et Karl T. (au dessin et aux couleurs) qui ont une nouvelle fois uni leurs efforts pour nous faire découvrir ce one-shot, partant des Mémoires de Marie-Thérèse Figueur, initialement publiées en 1842. Les deux hommes n'en sont pas à leur première collaboration, loin de là, puisqu'ils nous ont déjà réjouis avec La cuisine du diable (dont l'intégrale cartonne actuellement) et sa suite, La poussière des anges.
Comme dans les séries susnommées, notamment la fin de La cuisine du diable, Damien Marie aura saupoudré ici son récit non pas de fantastique, mais d'une touche mythologique qui parsème les planches tout au long de ce récit. Le minotaure notamment sera l'occasion à Karl T. de travailler son art sur quelque chose de plus fantastique, en le faisant apparaître dans certains cieux de toute beauté, en plein champ de bataille.

Le récit de Damien Marie est ici parfaitement captivant, sans jamais tomber dans des détails souvent difficiles à appréhender en bande dessinée. Ici, c'est fluide et aisé à suivre, malgré les nombreux flash-back et les nombreuses batailles qui émaillent le récit.
Graphiquement, l'occasion est encore belle d'admirer le travail de fourmi de Karl T. : les personnages bénéficient d'expressions parfaites, les costumes sont de toute beauté (il n'y a qu'à jeter un œil sur la couverture pour s'en persuader), les angles de vue sont audacieux, notamment dans les scènes de bataille, qui parviennent à ressortir le plus souvent un côté épique. Mention spéciale pour certaines cases mettant en situation Thérèse, un personnage hautement charismatique, et pour certains cieux avec des tons ocres de toute beauté.

Une bande dessinée qui mêle un côté historique avec un côté mythologique qui restera suffisamment discret pour ne pas devenir envahissant : à découvrir par le plus grand nombre !