Ce recueil contient dix nouvelles de l'auteur du fameux roman La horde du Contrevent, Alain Damasio, roman que je n'ai pas lu. J'ai donc abordé ces nouvelles sans a priori aucun, ne connaissant pas du tout l'univers de Damasio.
Et je dois avouer que j'ai été déstabilisée dès la première histoire, tant l'auteur a une écriture particulière et un univers bien à lui. On sent une très grande maîtrise de la langue française et l'envie de jouer avec les mots à la limite, parfois, du compréhensible.
Dans chacune des nouvelles, on est à la fois emporté par la magie des phrases, de l'univers mis en place, et à la fois perdu dans l'imaginaire trop foisonnant de l'auteur.
Pour certaines histoires, j'aurais aimé que le contexte de départ soit mieux détaillé, plus expliqué.
Dès la première nouvelle, Les Hauts Parleurs, on se retrouve dans un monde où chaque mot (ou presque) de la langue française a un copyright et il faut donc payer des taxes à chaque fois qu'on l'utilise.
Nonobstant le fait que cela m'a rappelé l'excellent roman jeunesse Quelque chose de pourri au royaume du français de Tristan Pichard, j'ai beaucoup aimé ce sujet. Mais c'est traité avec tant de complexité qu'on s'y perd.
J'ai apprécié la très grande originalité de chaque nouvelle, les histoires racontées, comme par exemple dans So phare away, cette ville monstrueuse qui oblige les gens à vivre dans des phares pour échapper à l'enfer de la circulation.
Mais d'autres me sont restées complètement absconses, et je n'ai réellement pas pu entrer dans l'histoire, comme cette nouvelle au joli titre Une stupéfiante salve d'escarbilles de houille écarlate. Impossible de comprendre un traitre mot, et une lecture qui s'avère difficile, laborieuse, car, par exemple, certaines phrases sont conjuguées avec trois temps différents, alors on revient sur la phrase pour vérifier, non, on ne s'est pas trompé, il y a du présent, du passé simple et du futur dans la même phrase.
Lorsqu'une lecture devient hachée, m'obligeant sans cesse à faire des allers et retours, je n'éprouve plus aucun plaisir et j'abandonne. D'autant que l'histoire m'est restée incompréhensible. Je ne sais vraiment pas de quoi parle cette nouvelle, à part d'une substance (ou un objet ?) s'appelant le mu.
L'écriture de Damasio est extraordinaire, dans les deux sens du terme. Remarquable, une véritable prouesse, qui peut emporter le lecteur de l'enchantement au plus grand désarroi.
A lire, donc, mais pas si on a seulement envie d'une lecture facile, pas si on a envie de se vider la tête.
Malgré ces quelques bémols, je suis heureuse d'avoir découvert cet auteur, que je relirai certainement, en toute connaissance de cause, et que je conseillerai aux amoureux de la langue française.