Les Chroniques de l'Imaginaire

Le Palais du Pouvoir (Atherton - 1) - Carman, Patrick

Un gâteau de mariage à trois étages, c’est à ça que ressemble le monde d’Atherton. Trois territoires circulaires plus ou moins plats et pas bien grands sont séparés par des falaises infranchissables. L’étage du bas, ce sont les Basses-Terres, une zone désertique peuplée de monstres. A quoi ressemblent ces monstres exactement, nul ne le sait car nul ne s’est jamais risqué à essayer de rejoindre les Basses-Terres. L’étage du haut, les Hautes-Terres, est une contrée verdoyante qui abrite des privilégiés menant une vie facile. L’étage du milieu, lui, est peuplé de quasi-esclaves, obligés de travailler sans relâche en échange de la précieuse eau que les Hautes-Terres leur dispensent au compte-goutte. Entretien des figuiers ou élevage de moutons et de lapins sont les seules activités pratiquées.

Ce monde si particulier n’est pas naturel, c’est clair. Mais dans la mesure où ses habitants ne connaissent pas d’autre vie, nul ne s’en soucie. Jusqu'à ce que cet univers bien ordonné commence à s’écrouler : de petits tremblements de terre ont lieu, et chacun s’accompagne d’une lente glissée des Hautes-Terres vers le bas, les faisant s’enfoncer pour rejoindre le niveau du Plateau… Avec ça, c’est le système social d’Atherton qui pourrait bien s’écrouler également !

Le lecteur découvre Atherton à travers les yeux d’un enfant de onze ans, Edgar. Orphelin, il a le vague souvenir d’un adulte l’enjoignant de trouver un objet caché dans la falaise, c’est pourquoi il passe ses nuits à inlassablement escalader et explorer celle-ci. C’est ainsi qu’il va entrer en possession de l’objet qui lui était destiné, et de fil en aiguille va se retrouver au cœur des chambardements qui vont bouleverser son monde. Il va également impliquer deux autres enfants, ce qui permettra de suivre les événements depuis plusieurs points de vue.

Ce roman est un joyeux mélange de genres, avec quelques messages en filigrane sur les conséquences de la surexploitation de la Terre ou l’importance de l’instruction. Univers post-apocalyptique dans lequel la Terre est devenue presque invivable, planet opera limité à ce curieux univers artificiel, mais également ambiance médiévale avec ce système de classes et l’ignorance crasse des habitants de ce monde non technologique.

Le rythme est soutenu. Bien que les différentes péripéties manquent parfois de surprises, on s’interroge quand même sur ce qu’il va advenir au final et le destin des habitants d’Atherton. Les jeunes héros, curieux et impétueux, sont attachants. L’écriture est fluide et sans lourdeur. Bref, c’est un bon roman jeunesse, honnêtement distrayant pour des lecteurs à partir de dix ans.