"Brèves", comme short news, extraits de vie, retours sur la réalité. Et "noir" comme polar, mais aussi comme sombre, glauque, trash parfois.
Les neuf auteurs du recueil Brèves de noir ont en commun ce que le bandeau de couverture utilise comme argument de vente: ils ont gagné le prix Quais du Polar. Le Prix fête ses dix ans, et pour l'occasion rassemble les auteurs français lauréats des années précédentes. Mais soyons honnêtes, ce serait un peu léger pour faire d'un lot de nouvelles inédites un vrai bon recueil cohérent.
Il y a plus, donc : chacun retransmet à sa manière sa vision de la littérature noire, du polar au thriller, en passant par le fait d'armes. Car l'actualité est au centre de ces nouvelles : la guerre en Irak pour DOA, le printemps arabe pour Serge Quadruppani. Actuel à l'extrême, Olivier Truc se permet des fantaisies sur l'affaire Snowden.
Vous voulez du cru ? Franck Thilliez s'empare avec fougue de l'affaire des "bébés congelés" qui avait choqué Séoul en 2006. Et François Boulay reprend une anecdote du Collateral Murder : un homme vient après des années confesser le dépeçage de sa femme.
Sinon, vous pouvez aussi vous penchez sur des histoires de vie. Une jeune femme atterrit dans une bourgade moribonde dans Dernière lumière (Antonin Varenne). La trajectoire d'un homme le mène aux portes de son rêve de grandeur, mais à quel prix ? Réponse avec Antoine Chainas. Plus autobiographique, Caryl Férey envisage de partir en vacances avec sa famille. L'enfer c'est les autres, il paraît... Ah, et s'il vous manque un brin de fantastique, vous pouvez toujours rendre visite au Max Végas de Marcus Malte, l'homme qui fait revivre les morts.
Comme c'est rafraîchissant de profiter de plusieurs styles dans un même recueil ! On peut découvrir un auteur, lire une nouvelle inédite de quelqu'un qu'on apprécie particulièrement, et si on aime moins un auteur, rien n'empêche de sauter son texte. Bref, un ouvrage parfait pour une incursion brève mais bien agréable dans le monde du polar. A lire en plein jour toutefois, car tous n'y vont pas de main morte.
