Mémé Cornemuse est devenue concierge dans un petit immeuble sans histoire. Enfin sans histoire... c'est vite dit ! Voilà que les frères Durite passent l'arme à gauche, mains coupées et la nouille fichée dans le frigo. Pas pratique ça, surtout quand Ginette, la femme de Marcel Durite, se mêle de vouloir à tout prix découvrir qui est l'assassin de son mari. Oh, pas qu'elle le regrette, mais quand même, elle ne voudrait pas non plus finir comme lui. Avec tout ça, c'est que les flics vont finir par débarquer. Et ça n'arrange pas les affaires de mémé Cornemuse, ça ! C'est que le casse de la bijouterie est prévu pour bientôt...
Posons un préambule : amateurs de littérature classique, d'intrigues poignantes, de style fin et élégant, vous pouvez passer votre chemin, ce livre n'est pas fait pour vous.
Je dois avouer que l'effet laissé par ce livre est assez particulier. Alors, oui, il est cru et un rien graveleux, les personnages sont stéréotypés au possible et très peu crédibles. Oui, l'intrigue est balayée sans vraies recherches et avec une facilité déconcertante. Mais il faut bien le dire, ce n'est pas là que réside vraiment l'intérêt de ce livre. Comme les précédentes aventures de Mémé Cornemuse, celle-ci est en total décalage avec le dialogue politiquement correct. De l'écriture satyrique à l'état pur, voilà ce à quoi nous avons affaire, et il faut bien le dire, Nadine Monfils maîtrise l'exercice. Tout y passe, rien n'est épargné, de Jean-Claude Van Damme en icône religieuse aux tromperies diverses et variées, en passant par les mensonges, les vols, et les escroqueries (celle concernant Gilbert Montagné est particulièrement savoureuse).
Ce livre repose tout simplement sur l'éternelle question : peut-on rire de tout, et tout peut-il faire rire ?
Le style flirte parfois avec le vulgaire, mais le fait volontairement. Voilà qui est assez déconcertant, et l'écriture incisive et parfaitement rythmée ajoute à cette sensation de malaise à laquelle on s'habitue parfaitement au bout de quelques pages, et peut-être est-ce là ce qu'il y a de plus dérangeant dans cet ouvrage.
Rien ici n'est destiné à faire rêver. Et pourtant, il y a quand même derrière tout cela une certaine finesse, ne serait-ce que dans l'analyse d'une tranche de notre société.
Après avoir tourné la dernière page, je ne saurais pas dire si j'ai adoré, ou si j'ai eu la sensation frustrante que l'auteur m'avait menée par le bout du nez exactement là où elle le souhaitait (et où, bien sûr, je ne souhaitais pas aller), en utilisant des moyens bien peu conventionnels...
Il ne reste qu'à en lire d'autres pour être sûre !