Les Chroniques de l'Imaginaire

Virus L.I.V. 3 ou la mort des livres - Grenier, Christian

Quel lecteur n’a jamais rêvé d’une société où la lecture ne serait pas un passe-temps excentrique, mais bien une activité honorable et fondamentale pour la société ? Cette société, érigée en réaction à la montée en puissance des images et du virtuel, c’est celle dans laquelle vit Aliss. Comme une bonne partie de ses concitoyens, elle ne va nulle part sans livres, se plie joyeusement à l’Heure du Livre journalière et vient de publier un roman.
Aujourd'hui, une heureuse surprise attend la jeune fille : elle vient d’être élue par l’Académie qui dirige l’Europe en tant que nouvelle membre ! Cependant, elle découvre vite que ses nouveaux collègues avaient une idée derrière la tête. Un virus mystérieux vient de faire son apparition, qui détruit les livres à mesure qu’on les lit. Un coup des Zappeurs, la minorité qui refuse le livre et lui préfère l’ordinateur et les jeux vidéo. Aliss, qui a l’esprit ouvert, est chargée d’infiltrer les Zappeurs pour découvrir l’origine du virus et comment le contrer.

Écrit il y a déjà une quinzaine d’années, ce roman reste criant d’actualité. Les livres, objets obsolètes ? Les nouvelles technologies, trop dangereuses quand elles sont poussées à l’extrême ? On a beau râler actuellement contre la tendance croissante à l’enfermement dans des mondes virtuels, faire tout tourner autour des livres ne vaudrait guère mieux. Christian Grenier nous montre ici que plutôt que de choisir l’un au détriment de l’autre (que ce soit le livre ou le multimédia), il serait préférable d’aboutir à un équilibre. C’est un message de tolérance et d’acceptation des préférences de chacun.

Cela étant, tout en voyant où nous menait l’auteur, j’ai d'abord eu un peu de mal à rentrer dans l’histoire. Le style est fluide, les personnages sympathiques, mais les ficelles sont vraiment trop évidentes. Rien que les pseudos utilisés par les divers personnages sur le Web dévoilent trop rapidement au lecteur leur identité !
Mais finalement, je me suis prise au jeu. D'autant que ce n’est pas bien long, donc c’est un récit qui n’a jamais le temps de s’appesantir. Les péripéties s’enchaînent, avec une petite histoire d’amour en prime, et on ne s’ennuie pas.

Destiné à un public à partir d’une dizaine d’années, j’imagine très bien ce roman comme lecture scolaire au collège tant il peut permettre de donner à penser et lancer le débat. Mais il saura plaire également à tous les adultes amoureux des livres.

A signaler, le fait amusant que les noms et initiales de chaque personnage du roman sonnent très familièrement, évoquant des classiques de la littérature, notamment française. Pour vous donner une idée, notre héroïne se nomme Aliss L.C. Wonder, rappelant irrésistiblement une petite fille blonde tombée dans le terrier du lapin blanc…