Les Chroniques de l'Imaginaire

L'atelier des miracles - Tong Cuong, Valérie

Trois destins hors du commun. Trois vies qui jamais n'auraient du se croiser. Et pourtant, pourtant, Mariette, professeur d'histoire, bourgeoise dépressive et harcelée par ses élèves et son mari, Millie, ou peut-être Zelda, jeune femme effacée, invisible, qui feint une incroyable amnésie, et Monsieur Mike, ancien militaire déserteur, devenu SDF, vont ensemble faire un bout de chemin au sein de l'atelier. L'atelier, c'est le bébé de Jean Hart, sa petite cour des miracles à lui. Solidarité, entraide, partage sont les maîtres mots au sein de cet univers incroyable en rupture avec le monde actuel... enfin, c'est ce qu'il parait.

Merci.

Un grand Merci même à Valérie Tong Cuong pour cette douche fraîche, pour cette pause de douceur et d'optimisme. Même si cela n'est pas nécessairement la composante essentielle de mon caractère, je dois avouer que parfois, cela fait du bien.

Voilà un livre, donc, tout en légèreté, sans pour autant être simpliste. Bien sûr, il est basé sur une utopie qui frôle la légende urbaine, à mi-chemin entre "l'homme est bon et solidaire" et "tu apprendras des douleurs de ton passé", mais cette utopie est présentée de manière tellement naturelle, tellement humaine que l'on accepte sans mal cette fantaisie.

Les personnages sont extrêmement attachants, surtout - vous l'aurez compris - les trois écorchés de la vie. Attachants certes, mais pour autant complexes, bien plus que Jean Hart. Tout à fait crédible lui aussi, il se révèle être bien plus opportuniste et terre à terre que ce que son engagement semble laisser paraître.

Je me suis laissée prendre au jeu. Le style est fluide et sans accroc, le dénouement agréable et sans fausse concession. Le découpage en lui-même est aussi très bien choisi. Le narrateur change à chaque chapitre et l'on se promène entre les angles de vue des trois personnages principaux. Cela donne un rythme un peu atypique mais auquel on répond assez facilement, et où finalement chacun trouve sa place.

J'aime aussi cette espèce de froide lucidité qui vous glace en quelques pages. Ce réalisme implacable qui nous ramène au simple fait qu'un homme n'est qu'un homme, et que le plus altruiste d'entre eux comportera toujours sa part d'ombre et d'égoïsme. J'aime que l'on puisse aussi se dire que l'homme est plus fort que l'homme et que sa nature même lui permettra toujours de s'en sortir plus grand. C'est peut-être là qu'est la plus grande des utopies, mais qu'importe. Cela fait du bien, incontestablement.

Vous l'aurez compris... un joli et surprenant coup de cœur.