Les Chroniques de l'Imaginaire

Angel, l'indien blanc - Place, François

" Employée au service d'une riche famille espagnole partie faire fortune en Amérique, ma mère fut enlevée par des indiens. A l'époque, colons et natifs se vouaient une haine féroce et les exactions d'un camp ou de l'autre étaient légion. Je naquis un an plus tard et connut la vie difficile d'esclave aux cotés de ma mère qui mit pourtant un point d’honneur à m'apprendre sa langue natale. J'ai encore le souvenir des histoires qu'elle me contait.

Puis la tribu fût massacrée par des soldats et je ne dus ma survie qu'à mon teint clair. Le capitaine me vendit à un marchand de Buenos Aires. C'était un homme sot et cruel. C'est d'ailleurs d'un de ses jeux stupides que je tire mon nom : Angel, comme le saut de l'ange qu'il me faisait exécuter en me jetant dans l'océan afin de prouver qu'un indien, comme un chien, sait nager d'instinct. Même si je faillis me noyer un nombre incalculable de fois, je finis par réellement apprendre à nager.

Des années plus tard, ce nouveau talent me permit d’embarquer clandestinement sur un navire français, fuyant mon maître et naviguant sans le savoir encore vers une toute nouvelle vie et d'innombrables aventures. "

Ce nouveau roman de François Place est une invitation au voyage et à l'aventure. L'auteur n'a pas son pareil pour nous conter des récits de voyages. Une histoire aux accents d'antan, à une époque indéterminée mais résolument passée puisque les océans se parcouraient à bord de navires à voiles. Aux côtés de son personnage principal, on découvre un nouveau monde, de nouvelles coutumes. La vie n'a pas été facile pour Angel mais sa ténacité et une chance assez incroyable lui permettront de survivre et de vivre des événements extraordinaires.

François Place joue avec son lecteur et on oscille toujours entre réel et imaginaire. Parfois, on se dit qu'on découvre l'histoire véridique, certes romancée, d'un de ces hommes qui ont participé à la découverte des terres australes. Puis, le fantastique nous frappe de plein fouet... à moins que ce ne soit une manière d’expliquer l’inconnu. L'impression est renforcée par l’absence d'illustrations alors que l'auteur nous avait plutôt habitué à en émailler ses récits. Mais qu'importe finalement, imaginaire ou réel, la magie de la découverte est là et c'est le plus important.

En tout cas, l’auteur réussit à nous captiver du début à la fin et on referme cet ouvrage en espérant pouvoir très vite repartir dans de nouvelles contrées à ses côtés. Une jolie réussite, dans la lignée d’un Jack London ou d’un Jules Verne.