Les Chroniques de l'Imaginaire

La maison de l'Arbre joueur - Hearn, Lian

En 1868, après plus de six cents ans de shogunal, le Japon revient au régime impérial grâce à des jeunes gens avides de modernité et de réformes qui conduiront leur pays vers cette réforme marquant un tout nouveau départ pour le pays et le début de son accession au rang de grande puissance mondiale. La maison de l’Arbre joueur se déroule pendant les années qui menèrent à ce changement.

Nous sommes en 1857, dans le domaine du Chôshû. Tsuru est la fille cadette du médecin du domaine. En dépit de son sexe, son père lui a enseigné son savoir et elle l'assiste de plus en plus. D'ailleurs, son rêve secret est de devenir un médecin à part entière et non l'assistante de l’ombre, celle qui agit sans jamais être reconnue. Elle sent le vent du changement qui se profile dans son pays et va être le témoin des grands bouleversements qui mèneront au retour de l'Empereur.

A travers le destin de Tsuru, Lian Hearn nous offre le récit d'une période clef de l’histoire du Japon. Si Tsuru et ses proches sont fictifs, ils croisent la route de personnages historiques et la trame historique est bien réelle. D'ailleurs, bien que Tsuru soit la conteuse principale, elle cède parfois sa place à l'un ou l'autre des acteurs historiques le temps de quelques pages. C'est ainsi que l’auteur nous immerge au sein du Japon, avec ses règles et ses codes, très loin de nos valeurs occidentales, et elle nous offre une fresque historique très pointue, mêlée au destin fictif d’une femme amoureuse et engagée.

Malheureusement, si elle maîtrise son sujet à la perfection, Lian Hearn semble avoir oublié que ce n'est pas le cas de ses lecteurs. Et très vite, on est perdu devant l'avalanche de noms, de références, de termes japonais. Jamais une seule explication, à l'exception d’une liste des personnages en début d'ouvrage, séparant les fictifs et les réels tout en précisant leur fonction. A croire que l’auteur tient pour acquis que son lectorat possède le même degré d'érudition sur le sujet qu’elle.
Cela donne, en dépit d’une plume très agréable à lire, un récit indigeste et lourd, limite incompréhensible pour les non-initiés. Si j'ai suivi avec plaisir la destinée de Tsuru ainsi que l'évolution de la médecine à l'époque, dès que les événements historiques prenaient de l'ampleur dans la narration, je peinais à trouver un intérêt dans une lecture que je ne comprenais plus.

Un ouvrage à réserver aux amateurs du Japon, qui possèdent déjà une bonne culture du pays. Les autres, à mon image, risquent fort de décrocher au bout de quelques chapitres.