Nous sommes à Jérusalem, en 1982. Un jeune homme prénommé Tom fait une fouille archéologique, de nuit, et surtout de façon interdite. Il finit par disparaître brusquement, et son accompagnateur est arrêté. Constantin tente d'en savoir plus auprès de la police israélienne, mais ni Tom ni Kemal, son guide, ne pourront lui être rendus, même s'il a une place de choix à l'Elysée. Constantin se retrouve plus tard, à échanger une étrange pièce avec un druze. L'opération tourne mal : la pièce est volée, et Constantin perd deux doigts.
De nos jours à présent : on accompagne Yann Gral, un professeur d'Histoire, spécialisé dans les croisades et dans la contre-attaque de Saladin contre les croisés. Yann est apprécié, mais sa vie est assombrie par un problème dramatique : sa fille Laureline est atteinte d'un cancer incurable. La tumeur qu'elle a au cerveau se développe rapidement et il ne lui reste que quelques mois à vivre tout au plus. Par ailleurs, la mère de Laureline est morte trois ans plus tôt en Afghanistan, après qu'une opération non officielle ait échoué à la délivrer des Talibans qui la retenaient en otage.
Mais Yann reprend espoir lorsqu'il est contacté par Constantin, qui se fait appeler Le Moine à présent. Les sectes n'ont aucun secret pour lui, et il envoie Yann et sa fille voir Sinoe, une dame qui parvient à soulager, puis carrément à amener Lauréline sur la voie de la guérison, grâce à une pièce de monnaie. Un talent qui serait un des trente deniers de Judas. C'est-à-dire une des pièces qui ont été remises à Judas après qu'il ait trahi Jésus Christ...
Ce premier tome de Les 30 deniers ne se contente pas de présenter des personnages, mais il est aussi l'occasion de nombreuses explications historiques, et de nombreux événements déjà. Sinoe sera vite retrouvée morte dans son appartement, et son talent sera volé, si bien que Yann ne pourra plus continuer les séances de guérison de sa fille.
Jean-Pierre Pécau livre une histoire en y mêlant le gouvernement de François Mitterand. Ce dernier aurait utilisé le même talent pour se soigner lui-même, et réussir à tenir deux septennats avec un cancer à évolution d'habitude rapide. Le personnage de Constantin est ainsi très travaillé, et tout à fait crédible, comme l'ensemble des personnages dessinés par Igor Kordey d'ailleurs.
On retrouve le graphisme si particulier qu'on pouvait voir dans L'Histoire secrète, Keltos ou Taras Boulba. L'auteur utilise toujours de grands aplats de noir si chers aux dessinateurs de comics, avec encore une fois un résultat tout à fait appréciable, notamment sur les expressions des personnages. Ces derniers sont ainsi crédibles et attachants, ce qui contribue bien évidemment grandement à l'intérêt que portera le lecteur à cette histoire.
Seuls deux talents différents sont évoqués dans ce premier tome : l'un permet de soigner, l'autre de se téléporter à courte distance. Le terrain de jeu est ainsi encore énorme. Les bases sont jetées, et la série pourrait devenir quelque chose de gigantesque !
