Les Chroniques de l'Imaginaire

Carabosse - La légende des cinq royaumes - Honaker, Michel

C’était dans la plaine de Milgrain que la bataille devait se dérouler. Le roi Florestan, roi seulement depuis quelques jours, voulait mâter les barbares Dongles qui avaient fait des raids dans les villages du royaume de Vaudémont. C’était aussi le combat de la modernité face à la sauvagerie. Les barbares étaient faits pour combattre dans leur milieu, la forêt, où les embuscades pouvaient s’improviser. Mais là, dans la plaine, ils se firent massacrer. Trublion, le bouffon nain du roi, fit tout de même remarquer que la victoire n’avait que peu de mérite, ce qui fit tourner le sang du roi qui se précipita dans la forêt. Elle se situait au pied des Monts Moroses, que l’on disait hantés par quelque force ancestrale et mauvaise. Et c’est là que vivaient le comte Vituperi et ses filles : Léonore et Cara. Le comte n’avait jamais été invité à la cour du père de Florestan mais l’aubaine était trop belle pour se rapprocher du pouvoir. Il accueillit donc comme il se devait le roi et sa troupe. Durant le banquet, Cara mena une danse des plus audacieuses et des plus exquises. Le roi faillit tomber sous son charme, ne remarquant même pas la bosse qu’elle avait sur son dos. Mais lorsque Léonore pénétra dans la salle, l’attention du roi fut entièrement happée ; plus rien ne comptait à ses yeux. Et Cara, qui avait déjà sa bosse à porter, n’eut que plus de rancœur envers sa sœur et le roi. Quand Léonore partit à la cour de Florestan le lendemain, Cara préféra rester sur ses terres. Et c’est avec le concours du Vent Mauvais qu’elle prépara sa vengeance, une vengeance terrible qui coulerait sur plusieurs décennies.

Carabosse - La légende des cinq royaumes est une histoire inspirée de La Belle au Bois-Dormant de Charles Perrault. Michel Honaker a pris l’histoire comme base de départ pour nous proposer ensuite sa propre version. Carabosse n’était pas une personne mauvaise à la base. Elle était née moins avenante que sa sœur et avec une curiosité pour tout ce qui touchait aux plantes et à la sorcellerie. Et l’amour qu’elle ne reçut pas de Florestan acheva de sculpter le personnage maléfique qu’elle allait devenir. Pour le reste de l’histoire, la trame reste proche de ce que l’on connait, même si on s’arrêtera après le réveil de Léonore. Ensuite, c’est le charme de la plume de Michel Honaker qui fait qu’on arrive à s’éloigner de l’histoire originale. Surtout qu’on se retrouve avec de belles trouvailles, comme le prince Charmant qui n’est pas vraiment comme on l’attend. Nous avons ici tous les ingrédients qui font un conte. Ils ont été arrangés pour que cela donne un bon roman jeunesse. Les tournures de phrases sont parfois un peu précieuses pour les jeunes, mais cela leur fera aussi découvrir toute la richesse qu’il peut y avoir dans la langue française. Même si on connait la manière dont l’histoire va se dérouler, on n’en reste pas moins suspendu aux mots qui défilent. Et ils défilent vite puisque l’histoire est bien écrite et très intéressante. En somme, c’est un roman que je recommande à tous, parfaitement lisible à partir de dix ans.