Les Chroniques de l'Imaginaire

N’oublier jamais - Bussi, Michel

Jamal Salaoui n’aurait jamais pensé que son séjour à Yport, en Normandie, se passerait de la sorte. Ce matin-là, comme les autres, il sortit de la Sirène, l’hôtel restaurant dans lequel il avait élu domicile le temps de son entrainement, et se lança dans son footing. Jamal préparait l’Ultra Trail du Mont Blanc, une des courses les plus difficiles au monde. L’équivalent de trois marathons et deux ascensions du Mont Blanc, tout ça en seulement deux jours. Bon, il n’était pas le seul à la faire, cette course, mais il était le seul avec un tibia et un pied artificiels. Oui, Jamal est handicapé, et c’est certainement ce handicap qui lui donnait toute cette volonté et cette force. Ce matin-là, donc, il partit pour sa course quand il vit une écharpe accrochée à la clôture d’un champ. Il pensa tout d’abord qu’elle était là pour indiquer un quelconque danger mais se rendit compte que ce n’était pas le genre d’écharpe qu’on utilisait habituellement pour ça ; elle était en cachemire ! Il y avait quelque chose qui clochait. Jamal pris l’écharpe avec lui, pour la rendre à son propriétaire si possible ; André, le patron de la Sirène, connaissait tout le monde et pourrait l’aider sur ce coup-là. Quelques mètres plus loin, il aperçut une jeune femme, beaucoup trop près de la falaise. Elle était belle comme jamais Jamal ne l’aurait cru possible. Elle était aussi complètement apeurée. Sa robe était déchirée. Jamal s’approcha pour l’aider mais il ne put rien faire ; malgré l’écharpe lancée pour tenter de la ramener vers lui, la fille sauta de la falaise, emportant l’écharpe. Jamal courut vers la plage et découvrit le cadavre de la jeune femme. Deux témoins de la scène arrivèrent rapidement sur les lieux ; ils confirmeraient certainement la version de Jamal. Mais une chose le perturba au plus haut point : comment diable l’écharpe pouvait-elle s'être retrouvée nouée au cou de la morte ?

C’est la première fois que je lis un roman de Michel Bussi et diable que c’est bon ! N’oublier jamais est une histoire en grande partie racontée à la première personne, par Jamal, et Michel Bussi nous promène, nous faisans douter de la sincérité du personnage par moment, pour ensuite nous redonner toute confiance en lui. L’auteur ne cesse de nous promener aux endroits qu’il souhaite, maîtrisant parfaitement l’art de la fausse piste et l’insinuation du doute dans l’esprit des lecteurs. C’est une course contre la montre à laquelle nous sommes confrontés. Jamal va devoir se dépêtrer dans cette histoire impossible mais qui pourtant s’est passée sous ses yeux. Alors, est-ce qu’il ment ? Ou peut-être est-il fou ? Vous le saurez en lisant ces pages qui se dévorent.

Non content de mener une intrigue parfaitement bien orchestrée, Michel Bussi a aussi le mérite de décrire un personnage attachant. Ce n’est pas son handicap qui le rend attachant, mais sa personnalité, qui découle certainement de ce handicap. Jamal est un battant ; il s’est fait des promesses et compte bien s’y tenir, même s’il a visé très haut. Le côté réaliste rend le tout encore plus touchant. L’écriture est directe, simple, mais bien maîtrisée pour nous promener depuis la première jusqu’à presque la dernière page. À chaque fois que je commençais à avoir une piste, je me suis retrouvé à devoir avouer que ça ne pouvait pas être ça quelques pages plus loin… pour me dire que si, peut-être que j’avais raison. Finalement, la vérité est tout autre et je vous laisserai la découvrir par vous-même.

En tout cas, je suis très curieux de ce qu’a pu écrire Michel Bussi par ailleurs et je pense que je vais rapidement me jeter sur ses autres romans. Parce que là, j’ai vraiment pris mon pied… sans mauvais jeu de mots.