Nous sommes aux États-Unis, le samedi 4 Septembre 1999. Les manuvres battent leur plein, entre républicains et démocrates, pour la course à la présidentielle américaine. C'est Mérédith, la candidate républicaine, qui n'a plus beaucoup de contrôle sur les événements. Frazzy est aux commandes et parvient à cacher les murs dépravées de la candidate, qui la feraient immédiatement couler dans les sondages si cela devenait public. La seule ombre au tableau reste dans le meurtre de Carol Ann Stone, dont l'enquête est encore en cours.
De son côté, Lou Mac Arthur, le candidat démocrate qui a l'appui de Jessica Ruppert, peut compter sur des bénévoles qui vantent ses mérites en distribuant de nombreux tracts, sans relâche. C'est le cas de Dalia, une italienne qui fait cela à l'abri des regards de Domi, son frère, un homme violent pourtant issu lui aussi de l'immigration, et qui n'hésite pas à aller jusqu'à tuer notamment pour Frazzy. Domi découvre la nouvelle vie de sa sur, et entre en rage envers elle et sa colocataire.
A côté de cela, Cyrus Chappelle, l'avocat noir de Josh Logan, se remet péniblement des blessures qui ont fait suite à sa récente agression. Cyrus s'ennuie ferme dans sa cellule, et il est parfaitement motivé à continuer à défendre son client. Pour cela, il va profiter de la visite d'Angela Twist, l'ancienne infirmière de Josh Logan lorsque ce dernier était en psychiatrie, pour comprendre ce qui a pu se passer lorsque ce dernier a enlevé Amy, la fille recueillie à l'époque par Jessica Ruppert.
Et puis, il y a la visite de Füreman à Josh, dans la prison de Rikers Island. Füreman est le compagnon de Cyrus Chappelle, et il vient voir Logan dans l'intention de connaître la vérité et les sentiments qui animent cet homme. L'occasion est belle d'en savoir un peu plus sur le passé de Josh Logan. Un homme qui est devenu l'ennemi public numéro un aux États-Unis, et que bien peu de monde va s'efforcer de le défendre...
Le look de Car l'enfer est ici a changé, chez les éditions Futuropolis. Le livre prend ici une présentation plus classique, tout en étant affublé de second cycle de la série Le Pouvoir des Innocents. Le look en question est d'ailleurs ici plus proche de ce qu'on pouvait trouver chez Delcourt, avec le premier cycle en question. On y trouve un Frazzy semblant régner en maître sur New-York : intéressant, même si j'avais un faible sur la forme des tomes précédents (y compris pour Les enfants de Jessica), qui était dans le si beau et pur style Futuropolis.
Qu'à cela ne tienne : sur le fond, nous tenons encore une fois un tome d'une grande qualité. Luc Brunschwig distille des informations avec parcimonie, en laissant encore une fois ses personnages se découvrir et évoluer, presque tout seuls ! En cela, les dessins de David Nouhaud, mis en scène par Laurent Hirn, qui est quand même le papa de tous ces personnages, sont encore une fois parfaitement convaincants. Chaque visage est travaillé, aucune expression n'est laissée au hasard, rendant chaque personnage, même le plus secondaire, parfaitement crédible.
L'histoire ainsi rendue est parfaitement profonde, en mêlant au polar (voire au thriller), d'immenses complots politiques, sur fond de problématiques de société qui sont parfaitement rendues ici.
Les décors ne sont pas en reste : on en viendrait presque à évoluer dans New-York au milieu de tout ce petit monde.
Brunschwig nous fait découvrir un second tome énorme, parfaitement accrocheur, et qui est loin de nous avoir révélé tous ses secrets, le cycle étant prévu en pas moins de six tomes. Avec Les Enfants de Jessica, qui représente finalement le troisième cycle, on se dit que cet univers né en 1992 avec la parution du premier tome de Le Pouvoir des Innocents a tout de même superbement évolué, pour devenir quelque chose d'absolument indispensable dans toute bibliothèque qui se respecte.