Le village de Sweet Cove est en apparence tout ce qu'il y a de plus tranquille. On n'y risque pas grand chose de plus qu'un groupe de gamins qui vient vous chiper vos fraises. C'est en tout cas ce qui arrive à Miss Adélaïde Crumble, ancienne détective à la retraite, qui se voit obligée de chasser les petits gourmets en question. Mais rapidement, une nouvelle étonnante vient troubler la quiétude des lieux. C'est miss Elizabeth Pumcake, l'institutrice du village, qui apporte la nouvelle : le comte John Crackersmith, reconnu comme étant mort durant la guerre, revient au village, bien vivant et toujours aussi séduisant ! Les rumeurs les plus folles peuvent s'alimenter auprès des commères...
Et ce ne sont pas ces dernières qui manquent à Sweet Cove ! Elles sont parfaitement représentées, d'ailleurs, par Miss Flange, une dame éléphantesque qui, accompagnée d'un ridicule petit chien, est à peu près au courant de tout ce qui se passe dans le village. Miss Flange va d'ailleurs être servie, après que le comte soit passé inviter le village à une réception, et après une première tentative d'assassinat sur la personne d'Elizabeth Pumcake, l'institutrice.
D'autant que la seconde tentative est la bonne pour le tueur : c'est le lieutenant Harlow, homme de confiance de la famille Crackersmith, qui est retrouvé mort, apparemment de frayeur, dans une chambre d'hôtel. Un tueur est en marche dans Sweet Cove, et le policier, désemparé, ne peut que faire appel à Miss Crumble pour l'aider dans son enquête. Une ancienne détective plus que motivée, d'autant qu'elle a depuis toujours une animosité à peine cachée envers la comtesse, Béatrice Crackersmith, qui a fort à faire auprès de son mari de retour, à cause de son penchant pour la bouteille, et aussi pour Georges, son jardinier...
Herik Hanna a ici l'occasion de développer, sur un tome riche et complet, son personnage de Miss Crumble, rencontrée auprès de six autres détectives dans l'album Sept détectives, dans le second cycle de la série Sept. C'est cette fois Sylvain Guinebaud, et non Eric Canete, qui reprend le dessin de ce tome, avec toujours Lou à la couleur. Hanna a ainsi tout loisir de mettre en situation un personnage attachant, au milieu de ce clone de Wisteria Lane, pour ceux qui ont suivi la série Desperate Housewives.
Parce que tout est là : un tueur impossible à identifier, la possibilité de soupçonner bien des personnages, jusqu'à une vérité qu'on attend en retenant son souffle ! Les soixante-deux planches de ce tome laissent l'histoire se mettre en place, de façon intelligente, livrant ses secrets avec beaucoup de parcimonie, laissant le lecteur en attente et en suspens, maintenant son intérêt parfaitement éveillé durant tout le tome !
Les personnages dessinés par Guinebaud sont eux aussi parfaitement réussis, attachants, et parfaitement crédibles : autant du côté des hommes, le comte et le jardinier en tête, que des nombreuses femmes qui sont présentes dans ce tome, la plupart étant parfaitement redoutables, et à la répartie acérée ! Les dessins sont détaillés et bénéficient de couleurs soignées, avec des jeux d'ombres et de lumières particulièrement maîtrisés sur les visages et les expressions des protagonistes.
Un premier tome parfaitement concluant donc, qui va dans le prolongement direct du one-shot de la série Sept. Et devinez quoi ? C'est le premier d'une série de... sept ! Il restera à savoir si Delcourt a l'intention de faire de même avec chacun des one-shots de Sept ? Ce serait surprenant, étant donné que tous n'ont pas eu la même qualité que les détectives.
