Diana est une femme épanouie qui porte bien sa quarantaine : professeur d'arts plastiques, mariée à un universitaire, maman d'une adorable fillette, propriétaire d'une jolie maison... Elle est satisfaite de cette vie conventionnelle rythmée par ses cours, l'accompagnement des sorties scolaires et la préparation des repas. Pourtant, son existence a bien failli prendre un tour tragique lorsqu'elle était adolescente... Mais la jeune femme semble avoir admirablement surmonté le passé.
Voilà pour l'intrigue, qui paraît bien banale, mais avec l'américaine Laura Kasischke, les apparences sont toujours trompeuses. Le vernis impeccable de l'existence de Diana se craquelle par le biais de flashbacks que l'auteur insère avec subtilité dans l'intrigue. Que cache le passé de Diana ? Quels choix a-t-elle dû faire pour accéder à cette vie si agréable ? Et surtout, en a-t-elle bien mesuré les conséquences ?
Comme c'était déjà le cas dans Les revenants et Esprit d'hiver, Laura Kasischke reprend les codes du roman fantastique et parvient à distiller une angoisse qui ne lâche pas le lecteur avant le dénouement. On a parfois l'impression qu'elle flirte avec l'irrationnel, mais la réalité est toute autre, et le final inattendu remet les choses à leur place.
Pour servir cette intrigue admirablement construite, l'auteur utilise une écriture sèche, à la fois précise et évocatrice. Laura Kasischke est également poète, et ça se ressent bien ici : elle a le sens des phrases justes, des mots parfaitement à leur place, assemblés pour frapper fort.
Intense et bien écrit, La vie devant ses yeux est un roman intelligent et dérangeant que je vous invite à découvrir. Paru en 2002 en France, il a été adapté au cinéma en 2008 par Vadim Perelman avec Uma Thurman dans le rôle de Diana.
